La crise entre Alger et Paris prend de l'ampleur. Selon des informations recueillies par Le Figaro à Alger et Paris, la France n'a désormais plus le droit de survoler le territoire algérien avec ses avions militaires –ce qu'elle faisait dans le cadre de l'opération Barkhane pour rejoindre le nord du Mali. Par cette décision, le président Tebboune revient donc sur une faveur qui avait été accordée à la France par le président déchu Bouteflika, il y a quelques années.
L'état-major des armées françaises a découvert la nouvelle ce dimanche matin, 3 octobre 2021. En déposant leurs plans de vol, les militaires se sont rendus compte que les autorisations de survol n'avaient pas été accordées par Alger. Aucune notification officielle n'a cependant été reçue, indique-t-on. Quoi qu'il en soit, deux vols logistiques ont dû être reportés, affirme le quotidien français.
«Cela n'affecte ni le déroulé, ni la conduite des opérations» militaires, affirme le porte-parole de l'état-major, le colonel Pascal Ianni, «et à la marge le flux de soutien», ajoute-t-il. «Nous nous adaptons et nous n'avons aucune inquiétude sur les opérations», assure-t-il. Le recueil de renseignement au nord du Mali, notamment grâce au survol des drones Reaper, n'est pas impacté, selon l'état-major.
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Hier, samedi, les autorités algériennes avaient déjà annoncé le «rappel immédiat pour consultation» de Mohamed Antar-Daoud, leur ambassadeur à Paris, en expliquant cette décision par leur «rejet catégorique» de déclarations attribuées au président français Emmanuel Macron.
Jeudi dernier, 30 septembre 2021, selon le journal Le Monde, le chef de l'Etat français avait déclaré lors d'une rencontre avec de jeunes descendants de protagonistes de la guerre d'Algérie (1954-1962): «je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s'est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak [mouvement populaire ayant conduit à la démission de Bouteflika] l'a fragilisé. J'ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu'il est pris dans un système qui est très dur.»
Ces propos ont fortement déplu à Alger, où le président a exprimé son «rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures» et dénoncé des «propos irresponsables».