Peuplée de 8 millions d’habitants, cette riche région du nord-est de l’Espagne, qui est l’un des moteurs économiques et industriels du pays, vote à partir de 07H00 GMT pour élire les 135 députés de son parlement régional.
Les bureaux de vote fermeront à 18H00 GMT et les résultats seront connus dans la soirée. Clôturant la campagne vendredi soir à Barcelone, Pedro Sánchez a appelé les Catalans à voter pour les «avancées (sociales), le vivre-ensemble et la stabilité» qu’incarnent, selon lui, les socialistes, après des années d’«instabilité» dans la région.
Pedro Sánchez, qui est soutenu par les partis indépendantistes au Parlement espagnol, espère leur ravir la région, qu’ils gouvernent depuis une décennie, pour prouver que la politique de détente qu’il a menée en Catalogne depuis son arrivée au pouvoir en 2018 a porté ses fruits et entraîné une diminution du sentiment séparatiste.
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Une claire victoire socialiste lui permettrait aussi de relancer un mandat fragilisé par l’ouverture d’une enquête judiciaire contre son épouse face à laquelle il a songé à démissionner il y a deux semaines.
Grâce et amnistie
Déterminé à «refermer les blessures» ouvertes par la «crise politique» de 2017, le Premier ministre a gracié en 2021 les dirigeants indépendantistes condamnés à la prison et a accepté l’an dernier de faire adopter une loi d’amnistie pour tous les séparatistes poursuivis par la justice, en échange du soutien de leurs partis à sa reconduction pour un nouveau mandat de quatre ans.
Cette amnistie doit être votée définitivement par les députés dans les prochaines semaines et permettre le retour en Catalogne de Carles Puigdemont, qui a fui la région en 2017 pour s’installer en Belgique afin d’échapper aux poursuites judiciaires.
Mesure très controversée, elle a fait descendre dans la rue l’opposition de droite et d’extrême droite qui accuse le Premier ministre d’être devenu l’«otage» des partis indépendantistes dans le simple but de se maintenir au pouvoir.
Devancé dans les sondages par le candidat socialiste Salvador Illa, Carles Puigdemont, président régional en 2017, veut croire en ses chances de «remontada» (remontée, NDLR) et de victoire pour faire un retour triomphal en Catalogne, une fois l’amnistie entérinée, à la tête de la région.
«Dimanche, ce mouvement qu’ils veulent voir vaincu (...) va taper du poing sur la table. Ce peuple (catalan) s’est mis en ordre de marche pour gagner une nouvelle fois et se faire respecter par tous ceux qui nous ont attaqués, poursuivis», a lancé l’indépendantiste, qui fait campagne depuis le sud de la France car il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt en Espagne.
L’arithmétique parlementaire pourrait toutefois être compliquée pour le leader de Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) qui a assuré qu’il se retirerait de la politique locale en cas d’échec.
Mouvement séparatiste divisé
Miné par les divisions, le mouvement séparatiste est en effet loin d’être assuré de conserver sa majorité.
Accusé d’être un «traître» à la cause par Junts, le parti modéré ERC (Gauche républicaine de Catalogne) mené par Pere Aragonès, l’actuel président régional, est à la peine et a perdu beaucoup de terrain lors des législatives du mois de juillet qui ont été marquées par une forte poussée des socialistes.
Les jeux d’alliances sont rendus encore plus difficiles pour les indépendantistes par l’émergence d’un nouveau parti classé à l’extrême droite, Alliance catalane, avec qui le reste des formations séparatistes ont assuré ne pas vouloir s’allier.
En cas de victoire, les socialistes, crédités d’une quarantaine de sièges alors que la majorité absolue est fixée à 68, devront, eux aussi, trouver des alliés pour espérer gouverner.
L’une des hypothèses citées est une alliance avec l’extrême gauche, membre du gouvernement au niveau national, mais aussi avec ERC qui abandonnerait ainsi l’idée d’une unité du mouvement indépendantiste.