Yotam, Maud, Flore, Julie ou Yannis, ont entre 20 et 30 ans et considèrent tous le masque comme un obstacle à leurs jeux de séduction.
"On est jeunes, on a forcément envie de rencontrer des gens, de séduire, de plaire et c'est vrai que le masque est une gêne", explique à l'AFP Yotam, assis devant la prestigieuse université de la Sorbonne.
Pour cet étudiant en histoire, "les mimiques, c'est assez important, le sourire, le rire, ne pas pouvoir faire tout ça, rend tout l'art de séduire plus compliqué". Même si "ce n'est pas la fin de la drague et les bons séducteurs sauront draguer", ajoute-t-il les yeux pétillants de malice derrière son masque noir.
"T'as de beaux yeux tu sais", célèbre réplique de Jean Gabin à Michèle Morgan dans le film "Quai des Brumes", retrouve toute sa saveur quand on écoute lycéens et étudiants.
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Jolies taches de rousseur derrière son masque, Maud est convaincue que le regard "va devenir la chose primordiale, par laquelle tout va passer: les émotions, les sentiments". "C'est sur quoi on va se concentrer maintenant: on regardera les yeux et leur beauté", dit-elle, en plissant ses yeux verts, savamment surlignés au crayon noir.
Sélim Niederhoffer, coach en séduction, confirme qu'une "bonne partie de la communication passe par le visage". Mais les yeux ne sont pas le seul outil de séduction.
"On va plus juger sur la façon de s'habiller, les vêtements, la coupe, le regard, plein de choses. Ca peut permettre aussi de discuter avec la personne" sans se focaliser sur le visage, estime Julie, une boulangère de 28 ans redevenue célibataire depuis peu.
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"On reste des hommes, des mammifères pris par certaines pulsions. Du coup, le masque ne nous empêche pas de mater!", renchérit Yannis, cheveux méchés en bataille.
Hormis le masque porté à l'intérieur comme à l'extérieur, la séduction à l'ère Covid-19 est handicapée par le manque d'occasions de se rencontrer: pour plus de 20 millions de Français, les bars, restaurants, théâtres et cinémas, ferment à 21h00 (19h00 GMT) depuis l'instauration d'un couvre-feu.
En plus, "souvent on va séduire lorsqu'on est au travail, au bureau, et là, il y a beaucoup de gens en télétravail", déplore le coach. Par conséquent, une bonne partie de la drague se fait via des applications en ligne avant un premier rendez-vous.
Attablée en terrasse avec un ami, Flore, 20 ans, commerciale viticole, confirme que "ça fonctionne beaucoup avec les réseaux" mais, selon elle, il faut savoir "se servir de son imagination".
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Pour les lieux, "il y a les quais (de Seine, ndlr) et les parcs qui sont encore ouverts", où elle se balade avec ses copines, "on peut juste enlever son masque deux minutes histoire de dire bonjour", "il faut de l'audace, innover, nos parents ils ont fait comme ça, Covid ou pas Covid".
Le coach Sélim Niederhoffer, interviewé sur le Pont des arts, où tant de couples se déclarent leur flamme, recommande aussi aux célibataires "d'oser faire le premier pas" quand ils croisent un ou une voisine, quelqu'un dans le métro ou au supermarché.
"On y va avec un détail, un petit compliment, sur votre écharpe, vos boucles d'oreilles, vos chaussures, un grand sourire, même s'il ne se voit pas", dit-il, tout en reconnaissant que beaucoup de gens préfèrent une première approche sur des sites de rencontres: "on est à l'abri, on a le temps de discuter, de rassurer l'autre".
Du coup, selon le coach, "on déplace la conversation et elle se fait davantage sur les valeurs, et ce sont les valeurs qui font tenir le couple sur la longueur, donc là il y a un petit avantage".