Dans l’enfer des centres de rétention américains, un nombre jamais vu de migrants incarcérés

Des personnes détenues derrière des clôtures à l'annexe Desert View du centre de détention de la société pénitentiaire privée GEO Group Adelanto ICE Processing Center à Adelanto, en Californie, le 10 juillet 2025. AFP or licensors

Le nombre d’immigrés détenus par la police américaine de l’immigration (ICE) a atteint un niveau record en juin et une vaste majorité d’entre eux n’ont pas de casier judiciaire, selon une analyse menée par l’AFP sur la base de données officielles.

Le 27/07/2025 à 07h58

Par ailleurs, les entreprises privées, qui gèrent nombre de ces centres de détention en pleine expansion, devraient tirer profit de cette offensive anti-immigration orchestrée par le gouvernement Trump, selon cette analyse de l’AFP.

Le mois dernier, un nombre record de 60.254 personnes ont été détenues dans des centres de ICE. Elles n’étaient que 40.500 en janvier, avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump.

Parmi elles, 71% n’ont aucun casier judiciaire, contrairement à 54% l’année dernière, selon les données de la police de l’immigration.

«Alcatraz des alligators»

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité absolue, promettant la plus grande campagne d’expulsion de l’histoire américaine.

Son gouvernement a alors entrepris une véritable offensive contre les quelque 11 millions d’immigrés sans papiers estimés aux Etats-Unis.

Pour financer son plan, le Congrès américain a récemment alloué 45 milliards de dollars à la création de nouveaux centres de rétention. Le gouvernement veut porter d’ici la fin de l’année à 100.000 le nombre total de places dans les centres de rétention, soit plus du double du nombre de places en 2024.

Le nombre de centres de rétention abritant des personnes arrêtées par la police de l’immigration a ainsi fortement augmenté, passant de 107 en janvier à 200 en juin, selon les données analysées par l’AFP.

L’un d’entre-eux, surnommé l’«Alcatraz des alligators», a ouvert le 1er juillet au milieu des marécages de Floride.

Donald Trump a également dit vouloir installer un centre de 30.000 lits sur la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba. Un objectif encore loin d’être atteint, les données montrant qu’en moyenne 22 personnes par jour y ont été détenues en juin.

Les conditions de détention inquiètent: Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport lundi sur des «pratiques abusives» dans trois centres de rétention de Floride.

L’ONG y décrit des cellules surpeuplées, plongées dans un froid glacial, et des migrants qui dorment à même le sol sous des néons allumés en continu, privés d’hygiène de base.

«Profit»

Les entreprises privées, mandatées par le gouvernement américain pour gérer ces centres, devraient tirer profit de cette expansion.

Selon l’analyse de l’AFP, plus de quatre immigrés sur cinq ont été détenus dans l’un des 62 centres gérés par une entreprise privée en juin 2025.

Parmi ces entreprises, les deux plus grosses, GEO Group et CoreCivic, toutes les deux cotées en Bourse, gèrent respectivement 25 et 17 centres.

GEO Group, qui a annoncé un investissement de 70 millions de dollars en décembre 2024 pour développer ses activités, a signé deux nouveaux contrats avec ICE depuis janvier et a considérablement fait croître un troisième.

Selon ses propres données, l’entreprise espère toucher 153 millions de dollars par an grâce à ces nouveaux contrats.

À Wall Street, les actions de GEO Group et CoreCivic ont par ailleurs augmenté de 75% et 69%, respectivement, dans les jours qui ont suivi la réélection de Donald Trump et sont depuis restées à leur plus haut niveau depuis cinq ans.

Selon les données de l’organisation OpenSecrets, les deux entreprises ainsi que certains de leurs dirigeants ont largement financé les campagnes électorales de républicains ainsi que celle de Donald Trump l’année dernière.

Geo Group a fait don de plus de 3,6 millions de dollars à des républicains en 2024, dont un million de dollars à une organisation de soutien à la campagne de Donald Trump. La ministre de la Justice Pam Bondi était une lobbyiste du groupe jusqu’en 2019.

CoreCivic de son côté a fait un don de 784.974 dollars en 2024, principalement à des républicains. Son patron, Damon Hininger, a également fait des contributions individuelles à la campagne de Donald Trump, comme d’autres responsables, selon les données de OpenSecrets.

Par Le360 (avec AFP)
Le 27/07/2025 à 07h58