La date exacte sera déterminée jeudi à 18H par le Conseil français du culte musulman (CFCM), lors d'une "nuit du doute" à la grande mosquée de Paris, une rencontre qui consiste à fixer le début de ce mois de jeûne, de partage et de prière, en fonction de l'observation lunaire.
Le ramadan "débutera très probablement le (vendredi) 24 avril, puisque la nouvelle lune du mois de ramadan sera en principe visible" la veille "sur une grande partie du continent africain et tout le continent américain", a déjà estimé cette instance, principal interlocuteur de l'Etat sur le culte musulman.
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Durant le ramadan, un des piliers de l'islam, les croyants sont invités à s'abstenir de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles, de l'aube jusqu'au coucher du soleil.
Mais cette année, "on part sur l'hypothèse d'un ramadan confiné tout au long du mois, les rassemblements (dans les lieux de culte, ndlr) étant probablement interdits encore après le 11 mai", souligne auprès de l'AFP Mohammed Moussaoui, président du CFCM.
"On peut jeûner chez soi, cela ne pose pas de problème", affirme-t-il. L'islam prévoit de toute façon des exceptions : "les malades, les personnes âgées, entre autres, en sont dispensés", rappelle-t-il.
Tareq Oubrou, imam de Bordeaux abonde: "le ramadan, on peut le pratiquer là où on est, on n'est pas obligé d'aller à la mosquée. Les gens peuvent prier chez eux".
Pour autant, certains rites vont être modifiés. D'abord la rupture du jeûne quotidienne le soir, lors du repas de l'"iftar", se fera chez soi. "Nous déconseillons fortement aux familles de se regrouper" en dehors du foyer, souligne M. Moussaoui. La dimension conviviale qui a lieu à ce moment là, avec famille, amis ou voisins, pourra "se partager via les écrans et les réseaux sociaux".
"C'est quelque chose qu'on va faire avec nos aînés, notamment avec ma belle-mère, seule, pour avoir l'impression d'être ensemble", explique Yasmine, 39 ans.
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"Le jour de l'Aïd-el-fitr (fête de la rupture du ramadan, ndlr), habituellement est un jour de partage et d'échanges. Là, on va rester à la maison", dit-elle avec une pointe d'amertume, tout en comprenant les mesures de sécurité sanitaires.
Par ailleurs, tous les lieux de culte étant fermés, "les prières de la nuit, les tarawih" qui se font d'habitude dans les mosquées le soir le mois du ramadan, se feront chez soi, souligne le CFCM.
D'ailleurs, les quelque 300 "récitateurs" du Coran, qui viennent habituellement de l'Algérie, du Maroc, de la Turquie pour suppléer les imams dans cette tâche ne se déplaceront pas, confinement oblige.
Par ailleurs, des imams prévoient de diffuser des messages via les réseaux sociaux, pour leurs fidèles, comme certains le font déjà depuis un mois.
Les imams de la Grande mosquée de Paris, vont proposer, sur Radio Orient, tout au long du mois, un sermon quotidien sur "divers thèmes comme la patience, la solidarité, la morale, le comportement etc", explique Chems-eddine Hafiz, son recteur.
Enfin dernier aspect, la dimension caritative du ramadan, qui se fait souvent à travers la distribution gratuite (sous chapiteaux, dans des centres, etc) de repas d'iftar aux plus démunis par les associations caritatives, va prendre d'autres formes.
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Le Secours islamique France, par exemple, au lieu de ses repas offerts lors de "tables du ramadan", va mettre en place des maraudes alimentaires auprès de sans domicile fixe et des distributions de colis-repas en Seine-Saint-Denis et dans l'Essonne.
La France compte entre cinq et six millions de musulmans pratiquants et non-pratiquants, selon plusieurs études sur le sujet (Pew Research Center, institut Montaigne, Insee, Ined), ce qui fait de l'islam la deuxième religion du pays. Et fait de la communauté musulmane française la première communauté musulmane en Europe.