En Belgique, on s'adapte aux cas de figuresEn raison des mesures sanitaires en vigueur, contre la propagation du Covid-19, l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) a recommandé mercredi, selon la presse locale, "d’aménager la manière de vivre le mois de ramadan".
Cette directive concernerait en priorité les musulmans travaillant en première ligne dans la lutte contre la pandémie. Ainsi les personnes "qui sont confrontées à des circonstances de travail pénibles peuvent, exceptionnellement, si elles rencontrent des difficultés insurmontables, rompre le jeûne entamé et le reporter" annonce l’EMB. Sont concernés directement par cette recommandation "le personnel des hôpitaux, des maisons de repos et des entreprises de pompes funèbres."
Cette mesure intègre également les détenus. En effet, partant du constat que les prisons sont en sous effectifs d’employés et qu’il sera difficile dans ces circonstances de distribuer des repas à l’heure du ftour aux détenus musulmans, l’EMB précise que "si les détenus rencontrent des difficultés pour observer le jeûne dans des conditions normales, ils peuvent dès lors exceptionnellement rompre leur jeûne et le reporter".
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En Turquie, les exceptions confirment la règleL’autorité turque des affaires religieuses, Diyanet, se montre ferme s’agissant du jeûne du Ramadan en précisant que les personnes en bonne santé doivent jeuner, pandémie ou pas. Dans une déclaration publiée sur son site, l'instution religieuse précise que "selon les informations reçues des experts sur le terrain, le jeûne d'individus en bonne santé ne présente pas de risque particulier de propagation de la maladie. De plus, il n'y a aucune constatation médicale fondée sur des preuves que le jeûne affecte négativement le système immunitaire, alors qu'il existe des publications scientifiques selon lesquelles le jeûne a des effets positifs sur le système immunitaire."
Et de préciser toutefois des exceptions à la règle parmi lesquelles, la maladie "qui est l'une des principales excuses qui empêchent de d’accomplir le jeûne du ramadan dans le Coran, il est permis de reporter le jeûne à plus tard (al-Bakara 2:185)."
Parmi les cas de figures listés par les savants islamiques, lesquels ont "évalué la possibilité de tomber malade en cas de jeûne, de prolongation ou d'augmentation de la maladie" figurent les personnes atteintes de Covid-19, ainsi que "ceux à qui les médecins ont déclaré qu'ils auraient plus de chance de contracter la maladie s'ils jeûnaient", mais aussi les "agents de santé préoccupés à la fois par la détérioration de leur santé et la perturbation des services de santé en cas de jeûne", ainsi que "ceux qui craignent que leur santé ne se détériore en travaillant dans des emplois lourds et pénibles".
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En Algérie, on joue la carte de la prudenceChez nos voisins, la question se pose aussi et fait débat. Le Haut conseil islamique (HCI) vient de s’exprimer à ce sujet selon le journal Observalgerie.com
L’autorité religieuse algérienne se montrerait très prudente quant à cette quetion, appelant les oulémas à présenter leurs avis à la commission des fatwas du ministère des affaires religieuses, seule institution habilitée à donner un avis sur la question
De son côté, l’islamologue Kamel Chekkat, dont le journal rapporte les propos, défend aussi le fait que "le jeûne réactive le système immunitaire" et que de ce fait rien ne s’opposerait au "jeûne dans cette séquence de coronavirus".
La Tunisie, à l'écoute des médecinsOthman Battikh, Mufti de la République tunisienne, ne souhaite pas trancher lui-même sur cette question épineuse et s’en remet ainsi à la décision que prendre le Conseil de sécurité nationale, dont une réunion se tiendra aujourd’hui, le 16 avril.
Le Mufti a ainsi expliqué, lors de son intervention de la veille sur la chaine télévision Watania 1, que ledit Conseil prendra sa décision en fonction de l’avis des médecins et des spécialistes de la santé. "Le jeûne du mois de ramadan est l’un des piliers de l’islam. Mais il y a toujours des exceptions et notre religion n’est pas figée" a-t-il décrété.