A New York, les Nations Unies font figure d'exception. L'imposante institution continue de fonctionner et déplore à ce stade peu de victimes de la maladie, peut-être à cause d'un télétravail décidé un peu avant que "The Big Apple" (La Grosse Pomme), devenue l'épicentre de la maladie aux Etats-Unis, ne décide d'en faire autant.
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Avec des imprévus et des instantanés insolites:
La présidence du Conseil de sécurité (15 pays membres) tourne chaque mois en fonction de l'ordre alphabétique. Après la Chine en mars, c'est le tour en avril de la République dominicaine avant l'Estonie en mai. Problème: l'ambassadeur dominicain José Singer, parti en mars prendre ses directives à Santo Domingo, y est depuis bloqué pour cause de fermeture des frontières. Grâce à la visioconférence, il réussit à diriger les débats du Conseil sans rien laisser paraître ou presque. Selon un ambassadeur, une "tenue locale" un jour, faisant vacances, lui a valu des plaisanteries de ses homologues...
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Toujours prompts à dénoncer les fuites sur leurs conversations secrètes, les ambassadeurs du Conseil de sécurité ont surpris jeudi pour leur première session sur le Covid-19. Prévue "en huis clos strict", la réunion venait de débuter qu'une mission mettait sur Twitter une photo d'écran des participants. D'autres suivaient avec des extraits d'interventions, certaines allant jusqu'à envoyer à l'AFP par courriel le discours du secrétaire général Antonio Guterres avant la fin des échanges. "Il y a davantage de transparence à huis clos", ironise un responsable onusien.
Les diplomates se sont mis à la visioconférence à outrance. "On voit mal, le son n'est pas terrible" mais "ça oblige à être plus bref", décrit un ambassadeur. "On fait du WhatsApp et des vidéos, c'est tuant" mais "le boulot est fait" alors que certains voulaient "confiner le Conseil de sécurité". Secrétariat comme diplomates multiplient aussi conférences de presse ou briefings informels via l'application Zoom à la sécurité relative. Des briefings qui montrent des diplomates dans leur chambre à coucher ou - erreur de manipulation - remplacés à l'écran par une grande photo de leur conjoint.
Malgré le confinement, les écoles, musées et théâtres fermés, le siège de l'ONU reste ouvert. Même vide de ses 3.000 fonctionnaires astreints depuis mi-mars au télétravail. Après être venu tous les jours à son bureau, le secrétaire général Antonio Guterres a opté pour le masque et alterne en avril avec sa résidence proche, une maison avec jardin bordant l'East River. De plus de 11.000 entrées à l'ordinaire, les portiques du siège n'affichent plus que 140 passages journaliers, selon l'ONU. Où l'on dément catégoriquement la rumeur d'une invasion des sous-sols du bâtiment par les rats qui pullulent à New York.