Corée du Sud: menacé de destitution, le président Yoon veut «se battre jusqu’à la dernière minute»

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, lors d'un discours télévisé le 12 décembre 2024.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, menacé de destitution après sa tentative d’imposer la loi martiale il y a une semaine, a affirmé ce jeudi qu’il «se battra jusqu’à la dernière minute», accusant l’opposition de provoquer «une crise nationale».

Le 12/12/2024 à 07h52

Menacé de destitution après sa tentative d’imposer la loi martiale il y a une semaine, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a affirmé ce jeudi, dans un discours télévisé, qu’il «se battra jusqu’à la dernière minute» et a fustigé le Parlement, contrôlé par l’opposition, qu’il décrit comme «un monstre détruisant l’ordre constitutionnel de la démocratie libérale».

Élu en 2022, avec la marge la plus étroite de l’histoire du pays, le président Yoon a vu sa cote de popularité plonger à 13% après son coup de force. Le samedi 7 décembre, il a échappé à une motion de destitution par l’Assemblée nationale, sauvé par sa formation, le Parti du pouvoir au peuple (PPP).

Mais le Parti démocrate a prévu un deuxième vote en ce sens ce samedi 14 décembre. Et il suffirait que 8 députés du PPP soutiennent cette nouvelle motion pour qu’elle soit adoptée. Depuis mardi, 5 de ces élus ont annoncé qu’ils s’y rallieraient.

«Je m’excuse à nouveau auprès des personnes qui ont dû être surprises et inquiètes en raison de la loi martiale (...) Je vous prie de croire en ma loyauté chaleureuse envers le peuple», a déclaré le président jeudi, assurant qu’il «n’esquiverait pas (sa) responsabilité juridique et politique concernant la proclamation de la loi martiale».

Visé par une enquête pour «rébellion», Yoon Suk Yeol, 63 ans, a interdiction de quitter le territoire, tout comme ses anciens ministres de la Défense et de l’Intérieur, et le commandant de la brève loi martiale. Deux hauts responsables de la police ont aussi été arrêtés.

Mercredi, la police sud-coréenne a affirmé avoir été entravée dans une perquisition des bureaux présidentiels. Le Parti démocrate a prévenu qu’il porterait plainte pour insurrection contre ses services s’ils continuent à entraver l’application de la loi.

Une nouvelle tentative de perquisition de la présidence a été lancée ce jeudi, a rapporté l’agence nationale Yonhap. Dans la matinée, la police avait par ailleurs annoncé perquisitionner le quartier général de l’armée dans la capitale, en lien avec son rôle durant la loi martiale.

Milliers de manifestants

Des milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi soir devant le Parlement, réclamant la dissolution du PPP «qui soutient l’insurrection». Mardi, un groupe de travail du parti a proposé une feuille de route sur le retrait du président, qui n’a pas encore été acceptée par ses membres. Elle prévoit sa démission en février ou en mars, et la tenue d’une nouvelle élection présidentielle en avril ou en mai.

Lors de la loi martiale, des hélicoptères et des soldats avaient été déployés au parlement pour empêcher les députés de s’y réunir et de voter sa levée. Mais 190 d’entre eux étaient parvenus à entrer et à adopter à l’unanimité la fin de cet état d’exception.

L’ex-ministre de la Défense Kim Yong-hyun, alors en poste, est incarcéré depuis dimanche notamment pour «abus de pouvoir pour entraver l’exercice de droits». Il a, selon les autorités, tenté de se suicider en détention mardi soir.

Par Le360 (avec AFP)
Le 12/12/2024 à 07h52