L'ex-négociateur de cet accord historique, qui a mis fin à plus de 50 ans de confrontation armée, a prêté serment devant le premier vice-président de la chambre basse du Congrès, Atilano Giraldo, lors d'une discrète cérémonie organisée au parlement à Bogota.
C'est un "nouveau pas dans la lutte et la défense de la paix en Colombie", a déclaré Jesus Santrich à la presse à sa sortie du parlement.
Ce siège de député a été réservé à cet ex-commandant rebelle, qui a toujours clamé son innocence face aux accusations de la justice américaine, dans le cadre de l'accord ayant permis le désarmement de la plus ancienne guérilla du continent américain, transformée en parti politique sous le nom de Force alternative révolutionnaire commune (Farc).
Jesus Santrich, 52 ans et malvoyant, n'avait pas pu prêter serment jusqu'à présent car il avait été arrêté en avril 2018, à la suite d'une demande d'extradition des Etats-Unis.
Il a cependant été remis en liberté, le 31 mai, sur ordre de la Cour suprême, qui s'est déclarée compétente dans ce dossier du fait de son mandat de député.
L'affaire Santrich a suscité une polémique politique et judiciaire en Colombie. Le pays est divisé par l'accord de 2016, que certains jugent trop laxiste envers les anciens guérilleros auteurs de crimes graves.
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Lundi, le président Ivan Duque s'est déclaré opposé à l'entrée de l'ex-chef guérillero au Congrès et a demandé la suspension de son mandat. "Comment peut-on prétendre voir un mafieux prêter serment comme parlementaire", a-t-il lancé.
La juridiction de paix (JEP), créée par l'accord de 2016 pour juger les crimes les plus graves commis pendant la confrontation entre les Farc et l'Etat, avait ordonné la libération de Jesus Santrich à la mi-mai. Mais il avait été à nouveau arrêté, la porte de la prison à peine franchie, sous de nouvelles inculpations liées à son intention présumée d'expédier de la cocaïne aux Etats-Unis après l'entrée en vigueur de l'accord de paix.
Jesus Santrich affirme être la cible d'un complot de Washington et du Parquet colombien.
Appuyé par l'ONU, l'accord de 2016, qui a permis le désarmement de quelque 7.000 guérilleros, prévoit des peines alternatives à la prison pour les auteurs de crimes graves, anciens rebelles et militaires, à condition qu'ils disent la vérité, dédommagent les victimes et s'engagent à ne plus recourir à la violence.
Mais la protection qu'il prévoit contre l'extradition est sans effet pour ceux qui auraient récidivé après l'entrée en vigueur de l'accord le 1er décembre 2016.