Près de 120 chefs d'Etat donneront le coup d'envoi de la 21e conférence climat de l'ONU, une situation inédite qui confirme la prise de conscience au plus haut niveau des enjeux liés au dérèglement climatique.
Sécurité alimentaire, accès à l'eau, infrastructures et activités économiques sont menacés. "Le changement climatique est l'un des défis les plus grands de notre temps", ont affirmé lundi les pays du G20.
Les leaders des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre - l'Américain Barack Obama, le Chinois Xi Jinping, l'Indien Narendra Modi, les dirigeants européens - se rendront le 30 novembre sur le site du Bourget, au nord de Paris, où quelque 20.000 personnes accréditées (délégations, ONG, experts, journalistes) sont attendues.
Après les attentats de vendredi - 129 personnes tuées et 350 blessées - la France, forcée de renforcer sa sécurité, a indiqué que certaines manifestations parallèles aux négociations seraient annulées.
Six ans après le rendez-vous manqué de Copenhague, cette conférence onusienne doit déboucher le 11 décembre sur un accord entre 195 pays. "Je ne vais pas vous dire qu'un accord global sera la solution miracle qui puisse éliminer la menace posée par le changement climatique", a estimé il y a quelques jours John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, "mais la vérité est qu'on ne l'éliminera pas sans".
Parallèlement aux engagements volontaires des pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, source du réchauffement, le futur accord doit fixer pour les 20 à 30 prochaines années un cadre général et contraignant.
Montant des aides aux pays en développement, contribution financière des pays émergents, objectif global de long terme de réduction des émissions, mécanisme pour revoir à la hausse les engagements nationaux : les pourparlers ont buté tout au long de 2015 sur tous ces points. A Paris, il faudra absolument trouver des compromis, un accord de ce type nécessitant un consensus. "Si nous échouons" cette fois à conclure un accord ambitieux, "il sera difficile de créer le même élan" à l'avenir, a confié à l'AFP la négociatrice japonaise Aya Yoshida.
Pour Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères qui présidera les débats, "plusieurs raisons objectives peuvent faire un succès de cette conférence : le phénomène s'est aggravé, la prise de conscience a progressé, le débat scientifique (sur le réchauffement) est tranché, et les USA et la Chine ont viré leur cuti".
Contrairement à 2009, Pékin et Washington, responsables d'environ 40% des émissions, affichent leur détermination à sceller un accord. Celui-ci devrait prendre en 2020 le relais du protocole de Kyoto, qui ne concerne plus que 15% des émissions mondiales (les Etats-Unis ne l'ont pas ratifié, les pays émergents ne sont pas concernés).
La COP21 doit aussi décider de mesures pour agir davantage d'ici 2020. Car le temps presse : la température mondiale a déjà gagné près de 1°C depuis l'ère pré-industrielle - comparé à l'objectif de la communauté internationale de limiter le réchauffement à 2°C - et les gaz à effet de serre une fois émis restent dans l'atmosphère.