La Cour suprême du Brésil a confirmé le lundi 2 septembre la décision de l’un de ses juges de suspendre le réseau social X pour avoir ignoré une série de décisions judiciaires liées à la lutte contre la désinformation.
Le réseau, propriété du milliardaire américain Elon Musk, a commencé à être bloqué dans le pays aux premières heures de samedi, quelques heures après que le juge Alexandre de Moraes eut ordonné sa suspension dans les 24 heures.
Le juge du Tribunal fédéral suprême et figure de la lutte contre la désinformation au Brésil mène un bras de fer avec le milliardaire américain sur la question des limites de la liberté d’expression. Cinq magistrats de la Cour suprême, dont M. Moraes, ont confirmé en session virtuelle la mesure prise vendredi.
«Elon Musk a démontré son manque total de respect pour la souveraineté brésilienne et, en particulier, pour le pouvoir judiciaire, en se positionnant comme une véritable entité supranationale, immunisée contre les lois de chaque pays», a déclaré le juge Moraes.
Le mercredi 28 août, ce dernier avait donné à la plateforme un délai de 24 heures pour nommer un représentant légal dans le pays, sous peine de blocage. Après le rejet de cette injonction judiciaire par Elon Musk, le juge a ordonné la «suspension immédiate, complète et intégrale» du réseau qui compte près de 22 millions d’usagers dans le pays, selon l’estimation du site spécialisé DataReportal.
«La liberté d’expression est le fondement de la démocratie et, au Brésil, un pseudo-juge non élu est en train de la détruire à cause de motivations politiques», a tonné le milliardaire américain. «La liberté d’expression ne protège pas des violations répétées du système juridique», a déclaré lundi le juge Flavio Dino, ancien ministre de la Justice du président Luiz Inacio Lula da Silva.
«C’est l’inévitable apothéose d’un conflit qui fait rage depuis des mois», a affirmé l’association Reporters sans Frontières. Si l’organisation «considère que le blocage de X est regrettable, d’autant plus que la plateforme est très utilisée par la communauté journalistique», elle estime cette décision «justifiée au regard du refus constant de la plateforme de répondre aux demandes répétées des autorités de se conformer à la loi».