Les Bourses asiatiques étaient en chute libre ce lundi 5 août, Tokyo enregistrant la plus grosse dégringolade en points de son histoire. L’indice vedette Nikkei de la capitale nippone, qui avait déjà dévissé de 5,8% le vendredi précédent, s’est effondré de 12,4% à 31.458,42 points, reculant de quelque 4.400 points sur la séance, au-delà de son précédent record qui remontait au krach boursier d’octobre 1987.
L’indice Taiex de Taïwan tombait de plus de 8%, et le KOSPI à Séoul décrochait de 9,6% vers 06H15 GMT. Les Bourses chinoises reculaient plus modérément, l’indice Hang Seng de Hong Kong lâchant 2,7%, l’indice composite de Shanghai 1,4% et celui de Shenzhen 1,8%.
«Il y a tout simplement trop de feux à éteindre, ce qui fait d’une éventuelle reprise lundi une chimère -en particulier avec la résurgence des craintes de récession aux États-Unis et le spectre menaçant d’un atterrissage brutal qui refroidit les investisseurs mondiaux jusqu’à l’os», a commenté Stephen Innes de SPI Asset Management.
«L’élément déclencheur? Un rapport sur l’emploi américain qui a tellement manqué sa cible qu’il n’a pas seulement fait se décrocher des mâchoires, mais aussi les actions et les rendements obligataires» à Wall Street, a-t-il ajouté.
Les craintes d’une escalade des tensions au Moyen-Orient ajoutaient également à la volatilité des marchés, dans la foulée des menaces de l’Iran et de ses alliés contre Israël, accusé par le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah libanais de l’assassinat du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh.
Avant même des chiffres de l’emploi particulièrement inquiétants publiés vendredi aux Etats-Unis, la Bourse de Tokyo avait connu une journée noire, le Nikkei connaissant sa plus vertigineuse chute en points depuis 1987 et la deuxième plus forte de son histoire. Ce record a donc été battu ce lundi.
Plusieurs facteurs ont joué, comme un rapport américain préoccupant sur l’activité manufacturière en juillet et une chute des valeurs technologiques à cause des doutes sur les perspectives de croissance du secteur. «Cependant le déclencheur immédiat de cette aversion au risque semble être la hausse inattendue des taux d’intérêt» annoncée mercredi par la Banque du Japon, selon Dilin Wu, stratégiste chez Pepperstone. «Cette décision a frappé le marché boursier japonais comme un coup de tonnerre».
Les banques dans les abysses
Ce resserrement monétaire après des années de taux négatifs, conjugué à un ralentissement de l’activité économique américaine, a notamment précipité la remontée du yen, soutenue également par des interventions de la banque centrale japonaise sur le marché des changes.
Ce mouvement de change est néfaste pour les entreprises japonaises exportatrices qui avaient bénéficié de la chute de la devise nippone. «Nous pensons qu’une grande partie des bénéfices liés aux taux de change pour les exportateurs et les multinationales fortement représentées dans l’indice Nikkei 225 est derrière nous», a souligné Amir Anvarzadeh dans une note de Asymmetric Advisors.
Les banques japonaises ont été particulièrement malmenées, Mitsubishi UFJ Financial Group s’affalant de 17,84%, Sumitomo Mitsui Financial Group (SMFG) de 15,52% et Mizuho de 19,71%. En parallèle, les cours du pétrole accéléraient leur repli: le prix du baril de WTI américain perdait 1,4% à 72,49 dollars et celui de Brent de la mer du Nord lâchait 1,28% à 75,83 dollars vers 06H05 GMT.