Le traditionnel rendez-vous du secteur automobile allemand -qui sera inauguré le mardi 5 août par le chancelier allemand Olaf Scholz- se tient dans un contexte économique morose. Guerre en Ukraine, ralentissement de la croissance chinoise, inflation spectaculaire dans la zone euro: les nuages s’accumulent sur l’automobile, secteur clé de l’industrie européenne, et surtout allemande.
Si les ventes de voitures dans l’Union européenne (UE) progressent depuis douze mois, elles restent plus de 20% en dessous de leur niveau de 2019, avant la pandémie de Covid-19. Les constructeurs historiques se retrouvent confrontés à une concurrence chinoise de plus en plus réelle, qui menace leur position dominante sur le marché d’avenir des voitures électriques.
«Avec l’IAA 2024, les constructeurs chinois lancent leur assaut sur l’Europe», résume Ferdinand Dudenhöffer, expert du Center Automotive Research en Allemagne. «La compétition devient plus rude», dit-il. Parmi les exposants, 41% ont leur siège en Chine. Et plusieurs constructeurs chinois, dont BYD et Leapmotor, pourraient voler la vedette à Volkswagen, BMW et Mercedes.
Stellantis ne sera représenté que par sa marque allemande Opel, tandis que pour le groupe Renault, seule la marque éponyme fait le déplacement pour dévoiler son nouveau Scenic. À l’inverse, Tesla, célèbre absent des grand-messes automobiles, sera de retour sur le salon après dix ans d’absence.
Les constructeurs allemands, longtemps fierté nationale mais aujourd’hui fragilisés, seront présents. Ils tenteront de convaincre en mettant en avant leurs modèles électriques face à la concurrence asiatique. Avec à la perte de pouvoir d’achat des consommateurs du fait de l’inflation, les appels se multiplient pour les modèles électriques d’entrée de gamme.
Mercedes doit présenter le modèle d’un concept de voiture électrique sur ce segment. Dès samedi, BMW donnera enfin plus de détails sur sa nouvelle gamme de véhicules conçus à partir de la future architecture électrique «Neue Klasse» annoncée depuis deux ans pour une production en 2025.
- Contestation -
L’impératif écologique est une autre priorité affichée du salon, rendez-vous biannuel du secteur, mais également de ses détracteurs, d’autant que les groupes affichent d’insolents bénéfices, tirés par l’inflation. Les constructeurs, surtout dans le haut de gamme, ont en effet su profiter de la hausse des prix pour gonfler leurs marges.
Plusieurs groupes écologistes ont annoncé des «actions de désobéissance civile» pour «perturber» le salon. Quelque 1.500 personnes sont attendues à un «campement pour la révolution de la mobilité», installé dans un parc en banlieue de Munich. Les constructeurs automobiles «détruisent, avec leur croissance forcée, la vie d’innombrables personnes dans le monde», accusent les écologistes.
Au total, quelque 700.000 visiteurs sont attendus, contre 410.000 en 2021, sur les stands répartis entre le centre des congrès, payant, et le centre-ville, où seront proposés des animations gratuites autour de voitures... mais aussi de vélos.
Rebaptisé IAA Mobility en 2021, quand le traditionnel salon de l’automobile allemand a déménagé de Francfort à Munich, les organisateurs mettent en avant la «mobilité, la durabilité et la technologie» plus que l’auto. Un moyen, aussi, de tenter de réagir à la perte de vitesse des grands salons automobiles mondiaux, boudés par de plus en plus de constructeurs, qui n’y trouvent plus leur compte, notamment en terme de publicité.