Les huit pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), créée en 1995 dans le but de préserver cette vaste région qui abrite environ 10% de la biodiversité mondiale, ont décidé de former une «alliance» contre la déforestation.
La création d’une entité intitulée «Alliance amazonienne de combat contre la déforestation» est stipulée dans une déclaration commune signée par le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Equateur, le Guyana, le Pérou, le Suriname et le Venezuela, lors du Sommet de l’Amazonie des États parties au Traité de coopération amazonienne (ACTO) à Belém, au Brésil, le 8 août 2023.
L’Alliance a «a pour but de promouvoir la coopération régionale dans le combat contre la déforestation, pour éviter que l’Amazonie n’atteigne le point de non retour». Si ce point de non-retour était atteint, l’Amazonie émettrait plus de carbone qu’elle n’en absorberait, ce qui aggraverait le réchauffement de la planète. «Il n’a jamais été aussi urgent de reprendre et d’étendre notre coopération», a déclaré le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
Au-delà des discours
Son homologue colombien Gustavo Petro a pour sa part appelé à ce que les discours se traduisent en actes concrets au plus vite. «Si nous sommes au bord de l’extinction, si c’est lors de cette décennie qu’il faut prendre des décisions, que sommes-nous en train de faire, à part des discours?», a-t-il lancé.
Lula et Gustavo Petro sont accompagnés de leurs homologues de la Bolivie, de la Colombie et du Pérou. L’Équateur, le Guyana et le Suriname sont représentés par des ministres, et le président vénézuélien Nicolas Maduro, souffrant, a été remplacé au pied levé par sa vice- présidente Delcy Rodríguez.
De retour au pouvoir en janvier, Lula s’est engagé à mettre un terme d’ici 2030 à la déforestation, qui a fortement augmenté sous le mandat de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro. Les terres déboisées sont souvent transformées en pâturage pour le bétail, mais la destruction est également causée par des orpailleurs et des trafiquants de bois.
Divergences sur le pétrole
Mais le président colombien Gustavo Petro a affirmé que la «déforestation zéro» serait «insuffisante». «La science nous a montré que même si on recouvre le monde entier d’arbres, ça ne suffira pas à absorber les émissions de CO2 (...). Il faut abandonner les énergies fossiles», a-t-il insisté. Selon lui, cette responsabilité est avant tout «des pays du nord», tandis que «nous (les pays amazoniens) devons protéger l’éponge», comme il décrit la forêt tropicale.
Mais cette transition énergétique est un sujet plus sensible pour d’importants producteurs d’hydrocarbures de la région amazonienne, comme le Venezuela ou le Brésil. La question a également été abordée le week-end dernier, lors d’une rencontre de représentants de la société civile à Belem intitulée «Dialogues Amazoniens», avec des manifestations réclamant une «Amazonie libre de pétrole».
Ces mots d’ordre sont réapparus mardi, lors d’un cortège qui a rassemblé environ 1.500 personnes dans les rues de Belem, dont des militants indigènes, qui brandissaient des banderoles avec des messages comme «Nous sommes ici depuis toujours». «Si l’on ne met pas fin à la déforestation, nous devront faire face à des problèmes bien plus graves», a confié lundi à l’AFP le chef indigène emblématique Raoni Metuktire.
Mercredi, le sommet se poursuivra avec la participation de pays non membres de l’OTCA invités à Belém, comme la France, mais aussi l’Allemagne et la Norvège, principaux bailleurs du Fonds Amazonie. L’Indonésie, la République du Congo et le Congo-Brazzaville, qui abritent de vastes forêts tropicales dans d’autres continents, ont également été invités