Allemagne: une défenseur des "jihadistes" crée la polémique

Nora Illi, représentante du Comité central islamique de Suisse, lors du débat sur la chaîne ARD, le 6 novembre 2016.

Nora Illi, représentante du Comité central islamique de Suisse, lors du débat sur la chaîne ARD, le 6 novembre 2016. . dpa/AFP Karlheinz Schindler

La chaîne publique allemande ARD était sous le feu des critiques lundi 7 novembre pour avoir invité au principal talk-show politique du pays une femme portant un voile intégral et arguant que les jeunes partant faire le jihad montrent du "courage civil".

Le 07/11/2016 à 19h17

Cette émission, présentée tous les dimanches soirs, s'est penchée ce 6 novembre sur la question de la radicalisation des jeunes. Une des cinq invités était Nora Illi, représentante d'un groupe appelé le Comité central islamique de Suisse.

Portant un niqab et se disant "fascinée par la diversité de l'islam", Nora Illi a affirmé pendant l'émission que les jeunes partant faire le jihad en Syrie devraient être loués pour leur "courage civil".

"Par exemple, une jeune femme qui se sent exclue de la société peut voir la Syrie comme une terre promise, comme la seule issue", a-t-elle affirmé, suscitant immédiatement les critiques des autres invités puis celles des téléspectateurs sur les réseaux sociaux.

"C'est de la propagande, on ne peut pas dire cela à la télévision publique", a protesté Ahmad Mansour, un expert de l'islam invité dans l'émission aux côtés d'un père dont la fille a rejoint l'organisation de Daech, d'un imam et d'un homme politique du parti chrétien-démocrate (CDU).

Sur Twitter, ce thème était parmi les plus débattus du réseau social en Allemagne. "Une invitée d'un talk-show encourage la guerre sainte à la télévision publique et je paie la redevance télévisuelle pour ça. C'est triste", a réagi un utilisateur, Jakub Santur.

Sebastian Steineke, député CDU a jugé "dangereux que quelqu'un puisse défendre l'islam radical sur une telle plateforme".

"L'opinion controversée de madame Illi (...) a été vivement débattue", s'est défendue la chaîne de télévision lundi, indiquant que le panel d'invités avait été constitué pour permettre cette "confrontation nécessaire".

Selon un bilan présenté en mai dernier par le renseignement intérieur allemand, un total de 820 jihadistes ont quitté l'Allemagne pour la Syrie et l'Irak. Près d'un tiers est déjà revenu et environ 140 ont été tués. Quelque 420 seraient ainsi encore en territoire syrien ou irakien.

Le 07/11/2016 à 19h17