Algérie: quand les déclarations du général Gaïd Salah trahissent ses velléités "présidentielles"

Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP, ne cache plus son ambition de devenir le 6e président de la République d'Algérie, à la place d'Abdelaziz Bouteflika.

Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP, ne cache plus son ambition de devenir le 6e président de la République d'Algérie, à la place d'Abdelaziz Bouteflika. . dr

Alors que la campagne fait rage pour l'application de l'article 102 à l'encontre du président Bouteflika, le chef de l'armée algérienne, le général Gaïd Salah, se fend d'une nouvelle déclaration publique qui trahit manifestement ses velléités présidentielles. Décryptage.

Le 24/08/2017 à 14h55

Une nouvelle déclaration publique qui est tout sauf le fruit du hasard. Celle dont s'est fendue le vice ministre algérien, Gaïd Salah, hier mercredi, à l'occasion de sa "visite de travail dans la 5ème région militaire" (Constantine). Le général de corps d'armée a en effet affirmé que l’armée «assure amplement ses missions constitutionnelles en dépit de la nature de toutes les circonstances».

A toutes fins utiles, il faut noter que ce n'est pas la première fois que le haut galonné algérien se voit dans le besoin de marteler cette évidence, inhérente à la mission de toute grande muette, en Algérie ou ailleurs. Qu'est ce qui le pousserait donc à enfoncer cette porte ouverte?

Placée dans son contexte, cette nouvelle déclaration à la limite de la "mise au point" prend tout son sens. Elle intervient en effet au moment où la campagne fait rage en Algérie, via les réseaux sociaux, pour l'application de l'article 102, à l'encontre du président invalide, Abdelaziz Bouteflika. Des appels se multiplient en effet à l'adresse du président du Conseil constitutionnel algérien, Mourad Medelci, pour l'application de cet article stipulant la destitution du chef de l'Etat algérien, en raison de son incapacité à exercer ses fonctions présidentielles.

Il apparaît donc à l'évidence que le général Gaïd Salah, en repoussant toute velléité "putschiste", se positionne sans le dire en perspective de la présidentielle 2019. Le chef d'état major algérien n'en rate pas une pour se mettre en avant, profitant de la disparition des écrans radars du président Bouteflika, et se présenter en tant que "garant de la souveraineté nationale, de l'intégrité territoriale de l'Algérie et de son indépendance".

La nouvelle sortie du général algérien est encore moins fortuite quand on sait qu'un autre postulant pour le très convoité fauteuil présidentiel, vient d'annoncer la couleur, en l'occurence le frère du président, Saïd Bouteflika. Il est le véritable meneur du jeu politique en Algérie, depuis que son frère Abdelaziz a été diagnostiqué d'un accident vasculaire cérébral (AVC, en 2013, à Paris). Ce marionnettiste qui, jusqu'à un passé récent restait discret, est en effet "sorti du bois" pour rebattre ses cartes. Son interférence en faveur du patron des patrons algériens, Ali Haddad, au détriment d'Abdelmajid Tebboune, limogé 80 jours après sa nomination en tant que premier ministre, est encore là pour rappeler cette guerre de succession qui fait fureur en Algérie. La nomination d'Ahmed Ouyahia, ancien chef de cabinet de la présidence algérienne, n'a d'autre but que de préparer le terrain au clan Bouteflika pour truster le pouvoir, via Saïd qui, "au nom du frère", semble faire sien ce dicton "les proches, d'abord" pour faire main basse, avec la complicité des hommes d'affaires, avec à leur tête Ali Haddad, sur le très enviable palais El Mouradia. Il doit toutefois compter avec un rival mégalo et prêt à en découdre pour le doubler dans cette inlassable course au pouvoir. Le général Gaïd Salah l'attend certainement au détour.

Par Ziad Alami
Le 24/08/2017 à 14h55