Les militaires algériens ont voté blanc lors des dernières élections législatives, organisées le 4 mai en Algérie. L'annonce de ce vote blanc des militaires algériens a été rendue publique par Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Louisa Hanoune en fait cette lecture : «Le vote blanc massif des militaires est un tournant qualitatif. Il traduit qu’ils refusent l’opération, mais obligés de participer. Il traduit qu’ils refusent ce régime et à ce que l’armée soit instrumentalisée (…) Une nouvelle situation s’ouvre», comme le rapporte le site algérien TSA. Mais on peut lire dans cette marche disciplinée des militaires autre chose qui peut augurer d'une nouvelle phase dans la lutte sans merci, mais larvée, du clan présidentiel, à la tête duquel se trouve Saïd Bouteflika, et le chef de l'état-major, le général Gaïd Salah.
Les votes «blancs» des militaires ont été plus nombreux que ceux engrangés par l’inamovible Front de libération nationale (FLN, parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962). Une bouderie que des politiques, à l’instar de la SG du Parti travailliste, Louisa Hanoune, attribuent à un soi-disant «refus du régime» en place, sauf que l’enjeu se trouve bel et bien ailleurs. En effet, les militaires, en votant «blanc», n’ont fait qu’appliquer le mot d’ordre qui leur a été donné par l’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), présidé par le général-major Gaïd Salah, en conflit ouvert avec le clan présidentiel sur fond de succession de Bouteflika. Une guerre larvée en effet oppose ces derniers temps le patron de l’armée algérienne et le frère du président, Saïd Bouteflika, très gêné par les sorties à répétition de Gaïd Salah à travers lesquelles ce dernier veut se positionner en tant que successeur d’Abdelaziz Bouteflika, extrêmement diminué par la maladie.
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Le mot d’ordre dicté aux militaires par l’état-major de l’ANP pour voter «blanc» massivement constitue un précédent dans les annales de l’institution militaire algérienne, engagée en vertu de la Constitution à s’exprimer lors de chaque échéance électorale. Sa bouderie visiblement orchestrée dans les locaux de l’état-major de l’ANP non seulement enfreint un principe constitutionnel consacré depuis l’indépendance algérienne en 1962, mais prend carrément les allures d’une mutinerie savamment planifiée dans les couloirs capitonnés du QG de l’ANP et qui fait craindre le pire pour l’Algérie.
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Ce développement très dangereux laisse supposer que rien n’est encore joué pour que le successeur de Bouteflika soit imposé parmi le ou les candidats du clan présidentiel, conformément à la volonté du «frère» Saïd, qui détient les clefs du palais Mouradia. Le général Gaïd Salah semble être prêt à tout pour décrocher le très enviable fauteuil présidentiel, y compris un coup de force, comme le prédisent déjà les services de renseignement étrangers, entre autres le Mossad.
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Gaïd Salah, le général qui veut devenir président
Comme le rapportait le360, le général Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense, se fait très visible ces derniers temps, contrairement à l’obligation de réserve qui devrait présider au fonctionnement de toute «grande muette». En effet, il ne se passe pas un jour sans qu’une actualité mette en avant l’armée algérienne. Il ne se passe pas une semaine sans que le chef de l’armée algérienne, le général Gaïd Salah, inaugure un complexe, un aéroport ou fasse un discours en présence des médias. Le général algérien occupe l’espace médiatique et le terrain. Il se déplace, donne des conseils, serre des mains, il est partout, alors qu’Abdelaziz Bouteflika n'est nulle part. Quand un président malade suscite des appétits pour sa succession et qu’un chef militaire communique tous azimuts pour combler la carence d’images qui donne à voir Bouteflika, cela s’appelle non seulement se positionner comme successeur du président invisible, mais faire campagne pour s’emparer, dès que l’occasion se présentera, du pouvoir.
Il paraît très peu probable que les militaires aient voté comme un seul homme sans avoir reçu une instruction dans ce sens. Gaïd Salah espère sans doute montrer que la majorité issue des élections n’a aucune légitimité, du moment que les Algériens (officiellement 65%, mais ils seraient 85% selon des sources indépendantes) se sont abstenus de voter et que les bulletins blancs sont supérieurs au score réalisé par le premier parti : le FLN. Commencer par rendre illégitime l’organe supposé représenter le peuple, c’est déjà préparer l’opinion publique sinon à la dissolution de cette institution, du moins à sa non représentativité. Tout porte à croire qu’un pas supplémentaire a été franchi par Gaïd Salah dans son plan à imposer les militaires à la succession de Bouteflika. Quand le politique n’a plus de légitimité pour représenter le peuple, l’armée peut intervenir, au nom des intérêts suprêmes de l’Etat, pour mettre de l’ordre, chasser le clan présidentiel et installer de façon «provisoire» un gouvernement d’union nationale.