C’est l’acte de répression de trop. Et c’est bien de l’incarcération, hier, jeudi 9 mai à Blida, de Louisa Hanoune, cheffe du Parti des travailleurs (PT -trotskiste), dans une sombre affaire de complot contre l'Etat, qu’il s’agit. Autant dire qu’Ahmed Gaïd Salah s’autorise désormais toutes les dérives pour imposer son agenda, devant conduire à présidentielle sur-mesure, le 4 juillet prochain.
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La purge qu’il a auparavant menée dans les milieux du pouvoir et des affaires, et qui a balayé des hommes forts du calibre de Saïd Bouteflika, puissant frère de l’ex-président, les frères Kouninef, véritables oligarques proches du pouvoir déchu, avait un semblant de justification. Mais s’attaquer de la sorte à une femme politique, voilà qui ressemble fort à une montée en charge. Le message est limpide: toutes les voix dissonantes par rapport aux visées de Gaïd Salah seront tues. Et le passage par le tribunal militaire de Blida devient ainsi incontournable.
«Tant que les mandats de dépôt étaient motivés par le souci de garder la main sur des présumés auteurs de détournement de fonds publics, cela paraissait relativement conforme aux normes légales que toute justice doit respecter. Mais dans le cas de Madame Hanoune, de quoi avait-on peur au point de s’empresser à l’emprisonner dans la précipitation?», écrit le quotidien Le Matin Algérie.
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A quelques instants du lancement d’un énième vendredi de la colère contre le régime, désormais incarné par le seul Gaïd Salah, l’inquiétude est de mise. «Aujourd’hui encore, un autre pas est franchi; une femme politique, chef d’un parti, est arrêtée après sa comparution en tant que témoin devant le tribunal militaire, ouvrant par là, la voie à tous les scénarii et toutes les dérives», écrit l'ONG la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme.
Et ce, d’autant qu’aucune clarification n’émane encore des autorités judiciaires algériennes quant aux reproches ou crimes dont Louisa Hanoune se serait rendue coupable.