Le coup de com’ aura tourné court. Il révèle, de plus, la face hideuse du régime algérien. Vilipendé par un mouvement de protestation qui dure depuis bientôt deux années, ce régime militaire a décidé de libérer quelques dizaines de militants du Hirak arrêtés pour des "actes liés à l'utilisation des réseaux sociaux", autrement dit, parce qu'ils ont eu recours à la liberté d’expression.
L’un des plus célèbres détenus du Hirak, Brahim Laalami, n'entend pas céder à la peur et a décidé de dévoiler au monde entier les méthodes dignes du Goulag auxquelles a recourt la "3issaba" ("la bande") au pouvoir, pour mater les voix dissonantes. Si, aujourd'hui, Brahim Laalami est libre, il n’oubliera jamais les mois de torture qu’il a subis en prison: il en porte d'ailleurs encore des cicatrices au visage et au cou.
Son cas rappelle celui de dizaines d’autres prisonniers d'opinion, et, surtout, celui de l’étudiant Walid Nekiche.
"J’ai subi des agressions physiques et des sévices sexuels, j’ai été touché dans mon honneur", avait déclaré Walid Nekiche devant la juge, l'assistance au tribunal et toute l’Algérie, au moment de son procès.
Son avocate, de son côté, a dénoncé dans sa plaidoirie des "aveux obtenus après torture" à la caserne Antar, la tristement célèbre base de l’ex-DRS à Alger.
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L'Union européenne a salué "l'excellente nouvelle de la libération d'un grand nombre de détenus par grâce présidentielle en Algérie", une décision, indique de son côté l'AFP, "qui reconnaît l'importance de la liberté d'expression et du pluralisme dans le processus démocratique".
L’Europe maintiendrait-elle cette position si elle prenait la peine d’écouter les témoignages des militants qui viennent d'être libérés? Et aussi ceux de leur famille?
"Je ne suis pas heureux. On m’a emprisonné, d’accord, mais pourquoi avoir harcelé les membres de ma famille, dont ce monsieur aux cheveux grisonnants?", a déclaré Brahim Laalami à sa sortie de prison, faisant ainsi allusion à son père.