Depuis maintenant une semaine, le monde est tenu en haleine par le méga-incendie de forêt qui a éclaté sur l’île grecque de Rhodes, où aucune perte humaine n’a été signalée parmi les dizaines de milliers de touristes et centaines de milliers d’habitants locaux évacués ou sécurisés sur place.
De l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie, des feux de forêt ont éclaté en Kabylie dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 juillet, ayant déjà fait, selon les premiers chiffres officiels du ministère de l’Intérieur, 34 morts et des centaines de blessés. De son côté, le ministère algérien de la Défense annonce que dix militaires ont péri carbonisés et 25 autres ont été blessés. Des villages entiers, des hameaux et des centaines de milliers d’hectares de forêts, des dizaines d’automobiles… sont également partis en fumée. Le pire reste encore à venir, puisque ce lourd bilan est, hélas, provisoire et les pics meurtriers des incendies de forêt en Algérie se situent généralement à la mi-août de chaque année.
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Avec ce nouveau drame, on imagine la très mauvaise posture dans laquelle se trouve actuellement le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui n’a cessé, durant ces trois dernières années, de mentir aux Algériens, leur promettant, à moult reprises, de doter le pays d’avions de largage d’eau pour lutter contre les fréquents incendies de forêt. Sa dernière sortie en ce sens remonte à fin avril dernier, quand il a «ordonné le lancement d’un appel d’offres pour l’acquisition immédiate de six avions bombardiers d’eau de taille moyenne pour lutter contre les feux de forêt», comme le rapportait un communiqué à l’issue du Conseil des ministres tenu le 30 avril.
Cet ordre n’a été suivi d’aucun effet jusqu’à ce jour, comme les autres instructions que Tebboune n’a cessé d’édicter depuis 2021 et qui sont toutes restées lettre morte, qu’il s’agisse de l’achat de Canadairs aux Américains, de Beriev Be-200 de fabrication russe, ou de la location d’une demi-douzaine d’avions chiliens. Une autre commande d’avions anti-feux espagnols a été, par ignorance de la realpolitik et par mépris de la défense des intérêts primordiaux et urgents de l’Algérie, abandonnée sous prétexte que l’Espagne a soutenu la marocanité du Sahara. Un contrat avec la société espagnole Plysa pour la fourniture de sept avions bombardiers d’eau a fait long feu.
Même pour les Beriev russes, dont un seul exemplaire d’occasion, et le plus souvent en panne, a été acquis l’année dernière, le ministre algérien de l’Intérieur, Brahim Merad, a cru trouver une échappatoire en arguant, en mai dernier, que c’est le conflit russo-ukrainien qui est à l’origine du retard dans leur réception à l’état neuf, puisque leur motorisation était fabriquée en Ukraine. Mais il n’a pas osé s’épancher sur la promesse de Canadairs et la location d’avions chiliens bombardiers d’eau, se limitant à dire que c’est «sur la bonne voie».
C’est à se demander quel mensonge va encore trouver Abdelmadjid Tebboune ces jours-ci pour justifier l’impéritie de son gouvernement face aux feux de forêt meurtriers qui endeuillent chaque année son pays, sachant que selon des chiffres officiels, toujours très en deçà de la réalité, les feux de forêt ont fait 71 morts en 2020, une centaine en 2021, 38 en 2022 et déjà des dizaines cette année.
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Abdelmadjid Tebboune est aujourd’hui d’autant plus embarrassé que ses accusations contre le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), le mouvement Rachad, souvent pointés comme à l’origine des feux de forêt, n’ont jamais trouvé une oreille attentive. Même le Maroc, qui a pourtant exprimé, en 2021, sa disponibilité à envoyer ses Canadair en Algérie pour combattre les incendies de forêt, a été accusé d’être derrière ces sinistres.
Alors que les incendies de forêt actuels se sont déclarés dans 16 wilayas du pays, une enquête judiciaire a été ouverte dans les localités de Bejaia et de Jijel, en vue de chercher un coupable. Or, le coupable est à rechercher dans les températures excessivement élevées qui frappent le monde actuellement, conjuguées à l’ineptie des autorités locales, qui rechignent à se doter de moyens adéquats de lutte contre les feux de forêt.
À part leurs messages de condoléances et autres larmes de crocodile, Abdelmadjid Tebboune et le patron de l’armée algérienne, le général Said Chengriha, semblent laisser les Algériens à leur sort pour affronter, à mains nus et avec des moyens dérisoires et archaïques, les fréquents incendies de forêt.
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Car il est étonnant de remarquer que contrairement à tous ses voisins méditerranéens, surtout le Maroc et la Tunisie qui disposent de Canadairs, l’Algérie n’a qu’un seul avion anti-incendie, alors que la flotte dédiée à la présidence et au gouvernement algériens dépasse la dizaine d’avions, dont le prix d’un seul équivaut à celui de plusieurs avions bombardiers d’eau.
Tebboune est très contrarié par les feux de forêt qui font des morts en Algérie, parce qu’ils apportent un sanglant démenti à ses verbiages sur «la force de frappe» qu’est l’Algérie. La semaine dernière, le président algérien a proposé d’injecter 1,5 milliard de dollars dans la banque des BRICS. Il aurait mieux fait d’en réserver une petite dizaine de millions à l’acquisition de bombardiers d’eau pour épargner aux Algériens ces pertes humaines insupportables dont la responsabilité est imputée, avant tout, à la gestion catastrophique de leurs dirigeants.