Voici ce que pèse la SNRT dans le budget de la Communication

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Compte tenu de son rôle stratégique dans les médias publics, la Société nationale de radiotélévision (SNRT) absorbe le gros des ressources financières du budget de la communication. Détails chiffrés.

Le 08/11/2020 à 10h05

L’audience de la SNRT a été relativement sauvée par les effets de la crise sanitaire. Le journal télévisé en arabe d’Al Aoula a retrouvé des couleurs, et s’est même classé deuxième du TOP 10 des émissions les plus regardées de l’année avec une audience de 40,7%.

Globalement, les 8 chaînes de télévision de la SNRT ont été suivies par 15 millions de téléspectateurs en moyenne quotidiennement, à en croire le rapport sur les établissements publics, accompagnant le projet de loi de finances 2021. Et les cinq radios sous la coupe de ce pôle audiovisuel rassemblent 26,5% des auditeurs marocains. «La présence sur les réseaux sociaux a été renforcée: le site web de la société a enregistré 79 millions de visites», peut-on également lire dans ce rapport.

La présentation du budget sectoriel du département de la Communication nous apprend, par ailleurs, qu’un volume de près de 46.000 heures de diffusion télévisuelle a été assuré par la SNRT depuis le début de l’année. Le volume radiophonique, de son côté, a dépassé les 100.000 heures.

Le modèle économique de la SNRT reste néanmoins basé principalement sur les contributions de l'Etat, soit directement via le budget général soit par le biais de taxes parafiscales. Selon les documents officiels, les transferts de l’Etat au profit de la SNRT ont atteint 900 millions de dirhams, jusqu’au 30 septembre dernier.

Les deux tiers de cette enveloppe ont été absorbés par les charges de fonctionnement, alors que 300 millions de dirhams ont été dédiés à une augmentation de capital. Les prévisions jusqu’à la fin de l’année font état d’un transfert additionnel de 250 millions de dirhams pour porter le budget global à 1,15 milliard de dirhams. Il s’agit du gros des transferts au profit des établissements publics du secteur de la Communication estimés à 1,18 milliard de dirhams.

D’autre part, les investissements prévus au titre de 2020 sont de 270 millions de dirhams. A la clôture de l’année, la SNRT ne devrait néanmoins engager que 195 millions, soit un taux de réalisation de 72%, inférieur à celui de 2019 (82%). Pour les années à venir, cette enveloppe dédiée à l’investissement devrait être maintenue dans les mêmes proportions, sachant qu’elle représente déjà plus de la moitié de la cagnotte réservée à des établissements sous la tutelle du département de la Communication.

En plus de ces transferts directs de l’Etat, la SNRT puise d’autres ressources financières dans la taxe parafiscale pour la Promotion du paysage audiovisuel national (TPPAN) qui alimente un compte spécial du Trésor. Cette redevance audiovisuelle a rapporté au pôle plus de 260 millions de dirhams par an, depuis 2017. Sauf que les choses ont changé en 2020.

Crise oblige, le compte spécial dit «Fonds pour la promotion du paysage audiovisuel et des annonces et de l’édition publique» n’a dépensé que 77 millions de dirhams, dont 25 millions sont revenus à la SNRT au titre d’arriérés, comme le précise le document du ministère. Et pour l’année prochaine, même si ce fond devrait retrouver des recettes plus conséquentes (370 millions de dirhams), la part de la SNRT ne devrait pas dépasser les 120 millions de dirhams.

La baisse de cette subvention publique devrait aggraver la situation comptable de la SNRT qui a dû augmenter son capital au courant de cette année. En 2019, ce pôle audiovisuel avait dégagé un résultat d’exploitation négatif de 4 millions de dirhams. Sauf qu’une rallonge exceptionnelle de 50 millions de dirhams, puisée sur les charges communes, avait permis de redresser la barre et de dégager même un bénéfice de 5 millions de dirhams. Pas évident de réitérer un tel exploit. 

Par Rahim Sefrioui
Le 08/11/2020 à 10h05