Quand l’agence AFP revoit une dépêche à charge contre le Maroc… pour y insérer davantage de fiel

Fabrice Fries, président-directeur général de l'AFP.

Fabrice Fries, président-directeur général de l'AFP. . DR

Non satisfaite de la première version d’une dépêche déjà bien orientée contre le Maroc et l’indépendance de sa Justice, au sujet de la récente résolution du Parlement européen sur la liberté d’expression au Royaume, l’Agence France Presse en a publié une mise à jour. De nouveaux éléments? Que nenni, si ce n’est un ardent désir d’en amplifier la nature pernicieuse qui trahit une irrésistible volonté de nuire.

Le 30/01/2023 à 12h38

Connue pour son parti pris hostile au Maroc et son contenu –texte comme images– au vitriol chaque fois qu’il est question du Royaume dans ses dépêches, l’agence française d’information AFP s’est légèrement surpassée dimanche 29 janvier 2023. Ceci, en publiant une «mise à jour» d’un «papier d’angle» sous le titre «Maroc: le Parlement européen remet en lumière le sort des journalistes emprisonnés».

On repassera sur la rubrique dans laquelle cette dépêche a été placée, à savoir «Guerres et conflits», s’agissant d’une actualité relevant des affaires internes d’un pays, en l’occurrence le Maroc. Ce qui interpelle, c’est avant tout le motif de cette update, un procédé utilisé normalement pour ajouter de nouveaux éléments concernant un fait donné, fournir davantage de précisions ou corriger d’éventuelles erreurs. Mais dans cette dépêche, l’AFP, une émanation du ministère français des Affaires étrangères, a modifié le texte uniquement pour rajouter des mots et des qualificatifs à charge contre le Maroc.

Quelques exemples suffisent à en apporter la démonstration. L’un d’eux concerne les jugements prononcés dans trois affaires de viol impliquant des journalistes. Sous prétexte de recherche d’équilibre, l’AFP a vaguement évoqué la position des autorités marocaines dans sa première dépêche… avant de l’appauvrir davantage dans la seconde. C’est ainsi que la phrase «Les autorités marocaines assurent qu’il s’agit d’affaires pénales qui ‘‘n’ont rien à voir’' avec la liberté d’expression» a été supprimée et remplacée par «Mais pour les autorités marocaines, ces affaires ‘‘n’ont rien à voir’' avec la liberté d’expression». Or, la justesse et la pertinence voudraient que ce soit le «caractère pénal» des accusations portées à l’encontre des concernés qui justifie leur condamnation. Mais cela ne sert manifestement pas les visées de l’AFP.

Dès la première version, l’AFP va plus loin en citant des affaires ne figurant même pas dans la résolution du Parlement européen. C’est le cas de l’ancien avocat Mohamed Ziane, érigé en «opposant» et incarcéré́ notamment pour adultère et harcèlement sexuel. Loin de rectifier le tir, l’agence française en rajoute une couche dans sa deuxième mouture en citant une déclaration du fils de Ziane voulant qu’une «audience de demande de remise en liberté de cet avocat de 79 ans se tiendra lundi à Rabat». Si l’information relève du hors de propos, la tournure n’a nulle autre visée que d’amplifier le statut de «victime» qui plus est âgée.

La réaction de l’avocate féministe Aïcha Guella, présidente de l’AMVD (Association pour les droits des victimes), citée par l’AFP et jugeant «irresponsable» la résolution européenne devient, dans la version revue et accentuée de l’agence française, un simple commentaire subjectif. Sinon, que faut-il comprendre du changement voulant que la phrase «A supposer que ces affaires pénales soient fabriquées, les victimes le sont-elles aussi?» devienne «A supposer que ces affaires pénales soient fabriquées, ce que je ne crois pas, les victimes le sont-elles aussi?»

Par un habile jeu de bistouri, les responsables de l’agence ont également réduit la portée de la riposte du Parlement marocain à la résolution du PE, en occultant d’une version à l’autre le caractère «unanime» de cette réaction et le fait qu’il s’agisse «d’affaires internes du Royaume». C’est ainsi que la phrase «le Parlement marocain a unanimement fustigé une ‘‘ingérence étrangère’' dans les affaires internes du royaume» est devenue: «le Parement marocain a fustigé une ‘‘ingérence étrangère’’».

L’AFP fait également fort quand elle dévoie les propos de Rachid Hammouni, membre PPS de la Chambre des représentants, zappant non seulement son appartenance partisane et altérant aussi méchamment ses propos. Ainsi, la phrase «Un député du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), Rachid Hammouni, a ainsi appelé́ à «clore, de manière appropriée, certains dossiers que nos adversaires exploitent pour mener des attaques absurdes contre notre pays» donnée en première version est substituée par la suivante: «Un député socialiste Rachid Hammouni a ainsi appelé à ‘‘clore certains dossiers’' –comme celui des détenus d’opinion– qui donnent selon lui du grain à moudre aux ‘‘adversaires’' du royaume».

La profondeur historique du partenariat liant le Maroc à l’Union européenne est également «sucrée». L’indication voulant que «le Maroc et l’UE étaient liés depuis 1996 par un accord d’association couvrant d’étroites relations économiques» se transforme en banal «le Maroc et l’UE étaient liés par un accord d’association couvrant d’étroites relations économiques».

On l’aura compris, la finalité de l’agence AFP n’est nullement de rapporter des faits concernant cette affaire, mais de tordre le cou aux mêmes faits et les soumettre à son agenda hostile au Royaume. Au mépris de la quête de vérité devant animer, en principe, son travail. Un travail d’orfèvre mais qui, à l’arrivée, ne sert qu’à fournir, une fois de plus, de la camelote sur le Maroc.

Par Tarik Qattab
Le 30/01/2023 à 12h38