Dans un article diffusé jeudi 27 mai 2021, sur le site de la revue Ms. Magazine sous le titre: "Droits des victimes vs libertés de la presse: les voix antagonistes des journalistes marocains", l’auteur indique que lorsque Hafsa Boutahar a tenté d’obtenir l’aide des organisations des droits humains au Maroc et ailleurs, "la plupart l’ont simplement ignorée".
"La principale ONG marocaine de défense des droits, l'Association marocaine des droits humains (AMDH), a rejeté catégoriquement sa demande", rapporte l’article, qui revient sur l'historique de la plainte de Hafsa Boutahar contre Omar Radi et les démêlés judiciaires de ce dernier. "Lorsqu'elle a demandé de l'aide et du soutien, l'AMDH l'a interrogée comme une criminelle, selon elle. Avant même de l'avoir rencontrée, ils ont transmis sa correspondance écrite demandant à rencontrer son violeur présumé pour un commentaire", fait savoir la revue.
"De nombreux médias ont fait une couverture à sens unique de l'histoire, sans lui demander de commentaire", ajoute la publication, notant que l'exemple "le plus flagrant", selon Hafsa Boutahar, est l'éditorial du Washington Post critiquant les accusations de viol portées par le procureur du Roi contre Omar Radi. Le magazine précise que, selon Hafsa Boutahar, le Post ne l'avait même pas contactée.
Ce qui est le plus "frappant", commente Ms. Magazine, c’est l’acharnement contre elle non seulement de la part des journalistes, mais aussi des militants des droits de l'homme dont on pouvait s'attendre à ce qu'ils défendent les droits d'une victime de viol présumée.
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"Malgré la rapidité avec laquelle elle a porté son affaire devant la justice et la clarté avec laquelle elle a raconté les détails du viol, depuis le dépôt de sa plainte, Mme Boutahar a été vilipendée dans les médias, sur les réseaux sociaux et par de nombreux collègues et anciens amis journalistes. Presque tous ont pris le parti de Radi, balayant d’une main son histoire et la qualifiant d'invention et/ou de conspiration avec l'Etat pour le faire tomber”, indique l’auteur.
"La mentalité consistant à blâmer la victime est tellement ancrée et le tabou de la dénonciation du viol tellement fort que sa voix a été occultée", déplore l’auteur de l’article, faisant remarquer que "l'impact réel est que son viol présumé a été subordonné à l'idéal supposé supérieur de la liberté de la presse".
"La liberté de la presse ne l'emporte pas sur les droits des femmes", souligne la revue, expliquant que les allégations des victimes doivent être prises au sérieux.
"Elles méritent d'être traitées avec respect et dignité. Elles méritent de faire entendre leurs voix. Elles ne doivent pas être réduites au silence par la presse ou par le tribunal de l'opinion publique. Elles méritent d'être écoutées par la justice", soutient la publication américaine.