Quand il m’écrit «je viens ou tu viens?», je lui réponds spontanément «viens toi, quand j’aurai fini», parce que j’étais au téléphone avec mon fiancé et que je pensais naïvement que Omar voulait juste discuter.
Le soir de l’incident, nous étions avec les collègues, la maison était pleine, avec des enfants, les employées de maison, des proches. Pourquoi aurais-je eu peur d’Omar Radi? Au cours d’un dîner, avant cette malheureuse nuit, il avait eu des gestes déplacés envers moi, mais je m'étais dit qu’il était saoul, qu’il avait peut-être des problèmes personnels, je n’avais jamais imaginé tout ça...
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J’ai toujours soutenu Omar Radi sans faillir, lors de ses différentes affaires. Je l’ai toujours défendu, on a travaillé ensemble pendant longtemps et je me suis rangée de son côté lorsqu’il a été convoqué pour être interrogé sur les fonds qu’il est soupçonné d’avoir reçus. Nous étions comme une famille, je me suis ensuite sentie piégée et trahie. Je ne me serais jamais imaginée qu’il irait jusqu’à m’agresser sexuellement.
S’il n’était pas allé parler de tout ça en riant de ce qu’il m’avait fait subir, peut être que je me serais tue, j’avais peur du scandale et d’être souillée.
Je suis anéantie, la réaction de nombreux soutiens de Omar Radi dans cette affaire m’a choquée. Pourquoi ne m'ont-ils pas écoutée, vont-ils dénoncer ce violeur, comme ils l’ont souvent fait dans d’autres affaires, vont-ils jouer la carte de la machination politique contre ce «leader d’opinion» pour me priver de ma voix? Vont-ils me faire passer pour une femme «légère» qui avait accepté d’avoir des relations librement consenties avec Omar Radi, pour ne pas le dénoncer? Pour, avant tout, le protéger?
Je me fais violer une nouvelle fois, chaque jour, par cette presse et ces médias qui le soutiennent sans m’écouter, ces défenseurs de droits de l’homme qui me salissent tous les jours sur les réseaux sociaux et qui me privent de mes droits.
Il m’a fallu 10 jours de réflexion avant de prendre la décision de me rendre chez le procureur du Roi. Dix longues journées, tétanisée par le doute, à m’interroger sur l’impact que cette plainte pourrait avoir sur ma vie, sur ma famille, sur mon fiancé et mes amis.
Faire face au jugement des miens, aux reproches de toutes sortes, car pour certains et dans notre société c’est toujours la femme qui est coupable, c’est moi qui l’avais bien cherché.
Il se sent intouchable car il a une certaine notoriété, et moi pas, tout comme il s’est senti puissant en passant à l’acte alors qu’il y avait du monde qui dormait autour de nous, avec même un témoin, qui est son ami, et dont il savait qu’il ne dirait rien.
Omar a une certaine pratique des médias, ses amis ont réussi à salir mon image et veulent me faire taire. Car moi je ne suis pas connue, moi je ne fais pas partie d’un réseau de journalistes et d’intellectuels qui peuvent porter mon combat, on a fouillé dans ma vie pour me calomnier, me rabaisser, me détruire.
Oui, Omar m’a tué, ce souvenir me tue tous les jours, à chaque instant, chaque jour, chaque semaine et chaque mois.