Le breakdance, une discipline décriée par des neurochirurgiens

Figure du "head spin" lors d'une épreuve de Breack Dance aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Figure du head spin lors d'une épreuve de breakdance aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Si le breakdance a fait ses premiers pas aux Jeux olympiques de Paris l’été dernier, cette discipline résolument dans le vent est toutefois sujette à une sérieuse alerte lancée par deux neurochirurgiens danois.

Le 15/10/2024 à 14h34

Depuis son apparition dans les années 1970 aux États-Unis, le breakdance n’a cessé de faire des émules à travers le monde, au point de s’imposer comme discipline olympique pour la première fois en 2024, à l’occasion des Jeux olympiques de Paris.

Cette danse inspirée de la culture hip-hop, qui se caractérise par ses mouvements acrobatiques et ses figures au sol, suscite aujourd’hui l’inquiétude en raison d’un mouvement couramment pratiqué par les breakdancers, le head spin. Ce mouvement, qui consiste à effectuer une rotation du corps en se tenant en appui sur la tête, pourrait en effet causer, à la longue, un «trou caractéristique», alertent Mikkel Bundgaard Skotting et Christian Baastrup Søndergaard, deux neurochirurgiens de l’hôpital universitaire de Copenhague, au Danemark.

Cette blessure due au breakdance, jusqu’à présent méconnue, vient s’ajouter à la longue liste des risques de blessures de cette discipline, parmi lesquelles entorses, foulures, tendinites, fractures, traumatismes crâniens et cérébraux, hématomes sous-duraux, etc., explique le magazine Science et Vie. Cette fois-ci, la blessure en question a été baptisée «trou de headspin», ou «bourrelet de breakdance». Elle se caractérise par une protubérance sur le cuir chevelu, s’accompagne d’une perte de cheveux (alopécie), d’un ramollissement de la zone du crâne concernée, laquelle devient insensible. Résultante de l’exécution répétée de rotations en appui sur la tête, ce trou caractéristique se retrouve chez les breakdancers aguerris.

IRM de l’homme montrant une masse située sous la peau et sur l’os de son crâne. Crédits : Bundgaard Skotting et al., BMJ Case Reports (2024)

Pour documenter leurs recherches, les deux neurochirurgiens se basent sur le cas d’un patient âgé de 30 ans, pratiquant le breakdance depuis plus de 19 ans et souffrant d’un «trou de headspin». Après cinq ans de pratique intensive du head spinning, à raison de cinq fois par semaine pendant environ une heure et demie, celui-ci a développé une protubérance visible à travers son cuir chevelu. Au cours de ses séances d’entrainement, révèlent les médecins, le sommet de son crâne subissait une pression directe pendant 2 à 7 minutes.

Si l’apparition de cette protubérance ne l’a pas inquiété dans un premier temps, c’est lorsque celle-ci s’est ramollie qu’il s’est décidé à consulter et à passer une IRM qui a détecté une fibrose sous-galéale significative (non cancéreuse), soit une accumulation de tissu cicatriciel dans l’espace situé entre le périoste du crâne et l’aponévrose épicrânienne, ainsi qu’un épaississement de la peau autour de la grosseur qui a dû être retirée lors d’une opération chirurgicale.

Ce phénomène a été documenté une première fois en 2008, dans le cadre d’une étude publiée dans la revue allemande Sportverletz Sportschaden. Sur 106 danseurs de breakdance, 64 souffraient alors d’un surmenage du cuir chevelu dû au headspin, près d’un tiers présentait une alopécie et un peu moins du quart avait une bosse indolore sur la tête.

«Le breakdance doit être considéré comme un sport de danse potentiellement à haut risque. Même en cas de blessures graves, les danseurs n’interrompent l’entrainement que pendant des périodes limitées », concluait en 2009, une étude parue dans The American journal of Sports Medicine.

Par Leïla Driss
Le 15/10/2024 à 14h34