Si l’on en croit le graphique mis en ligne sur la plateforme de vidéos pornographiques, laquelle fait état des tags les plus recherchés en 2019, le mot «beurette», maghrébine en langage familier, arrive en tête de liste, suivi des mots «arabe» et «marocaine»…
Un classement qui témoigne de la fétichisation de la femme maghrébine en France et qui suscite de l’étonnement chez certains, et un profond dégoût chez les concernées, au point que sur Twitter, le hashtag #pasvosbeurettes a vu le jour pour protester contre ce fantasme sexuel orientaliste.
Et pour cause, le terme beurette est des plus péjoratifs en France, seul pays où il est employé pour désigner les femmes issues de l’immigration maghrébine.
Le mot beurette n’est pas seulement le féminin du mot «beur», c’est aussi un mot à fort connotation sexuelle depuis son utilisation dans le monde du porno, où on l’associe désormais à une femme aussi soumise qu’hyper-sexualisée. Voilée, elle est dévoilée et initiée au sexe par l’homme blanc, qui intervient alors comme un libérateur.
Via le porno, la France perpétue ainsi son passé colonialiste en continuant de véhiculer une nouvelle version de l’orientalisme qui transforme la femme indigène docile, prisonnière d’une famille et d’une culture liberticides, en femme sexuellement émancipée.
Dans un pays qui se montre de plus en plus séduit par des idéaux d’extrême-droite et qui peine encore à assimiler la question de l’intégration, cette nouvelle image de fille facile, de Marie-couche-toi-là version arabe, qu’ont largement contribué à installer dans l’imaginaire occidental des bimbos telles que Nabilla ou Zahia, est un coup dur pour toutes les femmes concernées.