Après avoir atteint jusqu’à 14 dirhams le kilo, le prix de la tomate a légèrement reculé en début de semaine se situant en moyenne entre 7 et 13 dirhams, selon les régions. Depuis, le prix de cet aliment a stagné sur les différents marchés du Royaume.
Selon les données rapportées par la MAP, le kilo de tomates s’est vendu ce jeudi 17 mars, sur les marchés de la région Marrakech-Safi, entre 9 et 12 dirhams, alors que les prix oscillent entre 9 et 10 dirhams le kilo dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra. A Tanger-Tétouan-Al Hoceima, les coûts se sont situés entre 7 et 10 dirhams, alors que sur les marchés de la région de Rabat-Salé-Kénitra le kilo de tomates varie entre 8 et 12 dirhams. Cependant, les tarifs demeurent élevés à Casablanca-Settat pour se situer entre 10 et 13 dirhams le kilo.
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Interrogé sur les raisons du maintien de la hausse des prix sur plusieurs marchés du Royaume, le porte-parole de l'équipe gouvernementale, Mustapha Baitas, a expliqué ce jeudi 17 mars 2022, lors d’un point de presse à Rabat à la suite de la réunion du Conseil du gouvernement, que malgré les efforts de l’exécutif, le maintien de la hausse du prix des tomates s'explique principalement par la multiplication des intermédiaires qui continue de peser lourdement sur les prix de vente au consommateur final.
«Le marché de gros au Maroc subit un nombre de dysfonctionnements liés à la multiplication des intermédiaires dont la spéculation pèse sur les prix. Il faut revoir le fonctionnement de ces marchés pour résoudre le problème de fond», a précisé le porte-parole du gouvernement. Il a fait remarquer que l’offre au niveau national est suffisante et que la tutelle suit de près l’évolution des prix sur les différents marchés.
L’exécutif est également intervenu depuis plus d’une semaine pour limiter les exportations de la tomate marocaine, en réduisant notamment ces exportations aux seuls produits et marchés déjà inclus dans le cadre des contrats fermes producteur-exportateur-importateur ou encore en renforçant les contrôles à l’export selon les témoignages recueillis par Le360 auprès de certains producteurs-exportateurs de la tomate.
Si cette mesure n’a pas eu l’effet escompté, c’est que la plupart des exportateurs avaient déjà prévu de réduire les quantités exportées cette année à cause d’une baisse de la production constatée durant cette période, explique le président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation de fruits et légumes (FIFEL), Houcine Aderdour, contacté par Le360.
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La principale raison de la stagnation des prix de la tomate, selon le président de la FIFEL, serait alors la cherté des prix des intrants et la baisse de la production qui obligent les producteurs à augmenter leurs marges pour compenser la hausse des coûts de production.
«Cette année les agriculteurs ont acheté les engrais cinq fois plus cher que d’habitude, c’est un surcoût considérable pour la culture de la tomate qui consomme une quantité d’engrais tout au long de son cycle végétatif», précise ce professionnel.
Un autre facteur explique la hausse des prix durant ce mois de mars, à savoir la baisse de l’offre cette année, par rapport à la même période de l’année dernière à cause de la vague de froid qui retarde le mûrissement des cultures.
Selon Houcine Aderdour, l'offre de tomates sur le marché pourrait augmenter significativement d’ici une semaine si les températures augmentent. Une hausse de l’offre qui devrait participer à la baisse des prix de ventes aux consommateurs.
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Un autre phénomène participe à la baisse de l’offre de la tomate sur le marché national, celui de la reconversion de plusieurs agriculteurs qui cultivaient jusque-là la tomate ronde, vers des productions plus rentables. «A cause de la cherté des intrants, beaucoup d’agriculteurs préfèrent investir dans les cultures qui garantissent des marges plus correctes comme les tomates cerises ou les fruits rouges», précise-t-il.
«La rareté des ressources en eau cette année a également joué un rôle important dans la cherté des prix de la tomate», indique le président de la FIFEL, notant que l'irrigation nécessite désormais plus d’investissement pour la recherche de ressources hydriques issues de la nappe phréatique.
Les dernières pluies ravivent par ailleurs les espoirs des agriculteurs quant à l’avenir de la campagne agricole, particulièrement pour les cultures printanières. «Ces dernières précipitations pourront très bien sauver la situation d’ici la fin de la campagne, nous restons optimistes et nous mobilisons tous les moyens pour approvisionner le marché local», conclut-t-il.