Au lendemain de l’annonce de la réouverture des frontières, le secteur du tourisme voyait déjà poindre les premiers signes de reprise. Mais avec un peu de recul, les opérateurs se montrent raison garder. Le seuil d’activité habituel qui fait battre le pouls économique de la ville ocre est loin d’être franchi, et le démarrage se profile à peine.
La place Jamaa el Fna voit certes ces maîtres conteurs, charmeurs de serpents et autres artistes occuper à nouveau leur pré-carré, mais l’ambiance est peu festive. Peu de visiteurs se laissent tenter par des promenades en calèche. Et à quelques mètres de là, difficile de rater la longue file de véhicules de transport touristique garnis de pancartes, qui occupent les trottoirs en face de la mosquée Koutoubia.
«Nous sommes contents de retrouver ce beau soleil. Au-delà de l’accueil chaleureux, on remarque la tristesse chez les gens et chez les commerçants en particulier qui attendent l’arrivée des touristes avec impatience», note Gilles, un touriste français. En sillonnant les ruelles de la médina, les habitués de la destination ne manquent pas de remarquer les stigmates de la crise.
Pourtant, Marrakech s'attendait à recevoir un flux beaucoup plus important de touristes. A en croire les hôteliers, la reprise aurait été stoppée net dans son élan en raison des annulations massives de dernière minute. «Nous avons constaté une envolée des réservations après l’annonce de la réouverture des frontières. Mais quand les gens ont pris connaissance des conditions, il y a eu pas mal d’annulations», regrette Mustapha Amalik, secrétaire général de l’Association de l’industrie hôtelière de Marrakech (AIH).
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«C’est une reprise timide mais progressive», commente pour sa part Zoubir Bouhoute, analyste, conseiller dans le domaine du tourisme. Il en veut pour preuve que «le trafic enregistré par l’aéroport de Marrakech a vu ses rotations aériennes passer de 28 à 51 en seulement 4 jours».
En effet, le protocole sanitaire en vigueur pèse lourdement sur le budget de dépense des touristes, et de générer au passage un manque à gagner énorme pour les acteurs. «Réaliser des tests PCR pour une famille de 5 personnes, revient à dépenser pratiquement 500 euros. C’est une mesure suffisamment dissuasive», souligne Bouhoute.
Les contrats conclus entre l’Office national du tourisme (ONT) et les compagnies low-cost, comme Ryanair et Transavia, ou encore les TO, comme Expedia, devraient doper le trafic sur les semaines à venir. Il faut dire que le regain d’activité partiel est de bon augure pour le début de la saison du printemps. «Nous restons très optimistes et confiants pour les mois à venir», note Jamal Saadi, vice-président de l'Association provinciale des guides du Tourisme.