Aussitôt adopté, ce jeudi, en conseil de gouvernement, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, pilier central du plan de relance économique post-Covid, a fait l’objet d’une présentation de la part du ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, devant les membres du patronat, au cours d’une rencontre organisée cet après-midi à Casablanca.
Après avoir rappelé les grandes lignes de ce fonds, telles que définies par le Roi lors de ses discours du 29 juillet et du 9 octobre derniers, l’argentier du Royaume a livré des détails inédits au sujet de l’opérationnalisation du fonds et son mode de fonctionnement.
FonctionnementDoté initialement de 15 milliards de dirhams issus du Budget de l’Etat, le fonds s'appuiera dans ses interventions sur des fonds sectoriels ou thématiques.
Il devra lever 30 milliards de dirhams de capitaux auprès d’investisseurs institutionnels, d’institutions publiques ou privées, pour démultiplier ses capacités d’intervention.
«Les investisseurs institutionnels interviendront exclusivement dans les fonds thématiques», a révélé le ministre.
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Ces fonds thématiques seront confiés à des sociétés de gestion spécialisées, à travers un cahier des charges précis, a-t-il ajouté. Le recours à ce mode de gestion permettra de capitaliser sur l’expertise de ces sociétés et d’assurer une montée en charge rapide.
L’objectif de ces fonds thématiques est d’intervenir «de manière massive» dans les entreprises qui souhaitent renforcer leurs fonds propres.
«Il s’agit de traiter la problématique des fonds propres des entreprises qui ont été fortement dégradés à cause de la crise, à des conditions financières intéressantes», a précisé le ministre. «Nous travaillons dans ce sens avec le secteur bancaire pour élaborer des règles transparentes qui soient les mêmes pour toutes les entreprises», a-t-il souligné.
Au départ, six fonds thématiques verront le jour, conformément aux orientations royales: la restructuration industrielle, les infrastructures, l’innovation et les nouvelles technologies, l’agriculture, le tourisme et l’accompagnement de la PME. Mais, selon Benchaâboun, «rien n’empêche de couvrir d’autres secteurs par la suite. La loi nous le permet».
Le mode d’intervention des fonds thématiques se fera aussi bien par de la dette subordonnée (dette à long terme de plus de 7 ans), destinée à renforcer les capacités financières des entreprises, que par des entrées directes dans le capital des sociétés (equity). «Tous les leviers financiers peuvent être examinés», a fait savoir le ministre.
L’objectif recherché, in fine, est de redynamiser les entreprises, leur donner les moyens de renforcer leur bilan, pour qu’elles puissent accéder au financement nécessaire, afin de continuer à investir.
Un déploiement «à double détente»Mohamed Benchaâboun a également apporté des précisions importantes concernant la question du déploiement effectif du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.
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«Nous allons agir à double détente», a-t-il ainsi précisé. En attendant l’opérationnalisation dans «les prochains mois» des fonds thématiques, le compte d’affectation spécial créé en août dernier et intitulé «fonds d’investissement stratégique» pourra agir. «Ce fonds est opérationnel», a précisé l’argentier du Royaume. Les premières interventions pourront avoir lieu avant la fin de l'année dans un cadre conventionné avec le système financier.
Cette intervention consistera notamment à faciliter l’accès au financement des investissements à travers le renforcement des fonds propres des entreprises qui en ont besoin et ce, moyennant des prêts participatifs sous forme de dette subordonnée par exemple. Ces prêts seront accordés pour une durée comprise entre 7 et 15 ans dans la limite du 1/3 du crédit demandé.
Ce compte d’affectation spécial pourra intervenir sur les quasi-fonds propres des entreprises, mais pas sur l’actionnariat. Une fois que les fonds thématiques seront disponibles, ils prendront le relais du compte d’affectation spécial.
Durant son intervention, Benchaâboun a appelé les membres du patronat à recourir «au maximum» à ces fonds, afin de mettre en place «un cercle vertueux d’investissement».
Pour le ministre, une relance vigoureuse de l’économie passe par la capacité des secteurs public et privé à travailler main dans la main: «la relance dépend de notre capacité à rebondir face à un test auquel notre économie n’a jamais été confrontée. Il est là, le défi. Soit nous sommes ensemble et nous allons réussir, soit nous avancerons en rangs dispersés, et nous échouerons».