Jusqu’ici spécialisées dans la fabrication des sacs en tissus, selon les dispositions de la loi en vigueur qui interdit l'usage des sacs en plastique jetables, 17 entreprises ont répondu favorablement à l’appel des autorités et ont transformé leurs usines pour produire des masques de protection à usage non médical. Deux autres industriels n'ont pas été retenus, car leurs usines ne répondaient pas aux critères des normes fixées par les autorités.
«Nous sommes prêts à soutenir toute entreprise souhaitant produire ces masques, mais à condition de respecter les normes», explique Moulay Hafid Elalamy en réaction aux critiques dénonçant un «copinage» dans le choix des industriels associés à cette opération.
«Certains investisseurs ont vu leurs demandes refusées après avoir présenté de faux tests. Les instructions sont claires. La priorité est à la santé des citoyens», a-t-il ajouté.
Jusqu’au 22 avril dernier, environ 82 millions de masques de protection en tissu non tissé ont été produits par le Maroc.
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Le ministre s’est longuement attardé sur l’échec de l’opération de distribution de ces dizaines de millions de masques, alors que le port de ces produits sanitaires est devenu obligatoire au Maroc depuis le 7 avril dernier (toute infraction est passible d'une peine d'emprisonnement allant de 1 à 3 mois et d'une amende comprise entre 300 et 1.300 dirhams).
MHE n'a pas caché sa déception et a rappelé les résultats décevants des choix opérés au départ, en s’appuyant sur la grandes surfaces de distribution, avec un packaging totalement inadapté (le conditionnement de ces masques était produit par paquets de 50 et de 100 unités).
«Des poursuites judiciaires ont été engagées contre les spéculateurs qui revendaient les masques à 3,20 dirhams au lieu du prix subventionné, fixé à 80 centimes l’unité», a également dit le ministre.
Suite à cet échec, le ministre dit s’être inspiré de son expérience en tant qu’ancien secrétaire général du groupe ONA, pour réorienter la distribution vers les commerçants de proximité (au nombre de 66.000 sur le territoire national), en faisant appel aux moyens logistiques de deux opérateurs dans le secteur laitier.
Cette tentative s’est révélée à son tour infructueuse suite aux agressions ayant ciblé les camions et les chauffeurs de ces deux entreprises, face à l’insuffisance flagrante des quantités disponibles.
Avant le 7 avril, le Maroc produisait à peine 1,2 million de masques par jour. Et la vente en détail des masques-bavettes, quoique interdite, a laissé craindre un sérieux risque de contamination au Covid-19. «C’était ma décision et j’en assume toutes les responsabilités», reconnaît MHE.
Le ministre s’est tourné ensuite vers les pharmaciens d’officine avec lesquels les discussions auraient duré deux semaines avant de trouver une solution. D’autres problèmes ont toutefois surgi et ils étaient d’ordre logistique surtout.
Des millions de masques sortis des usines se trouvaient bloqués dans des dépôts alors que la demande explosait chez les pharmacies. De nombreux cas de fraude ont été enregistrés à différents niveaux de la chaîne d’approvisionnement, y compris chez les industriels. MHE évoque le cas d’un bon de commande signé à un prix de 3,50 dirhams l’unité, au lieu de 1,10 dirhams (dont 50 centimes financés par le Fonds spécial).
Pour remédier à ces lacunes, MHE est décidé à durcir les opérations de contrôle chez l’ensemble des intervenants, y compris à l’intérieur des usines où des représentants du ministère de l’Industrie alternent nuit et jour pour assurer le suivi quotidien de la production.
MHE affirme avoir adressé une lettre aux industriels concernés, les sommant de livrer exclusivement le grossiste désigné par le ministère qui, à son tour, devrait injecter le produit dans le circuit fixé par ce même département.
Cette décision n'a pas eu un avis favorable auprès des industriels, qui y ont vu une ingérence dans leurs affaires.
Le ministre ne s’en soucie guère, rappelant que le Maroc a décrété l’état d’urgence sanitaire et que d’autres pays ont déclaré la guerre contre le coronavirus. «Les usines appartiennent aux Marocains. S’il le faut, nous pouvons les réquisitionner pour préserver la santé des citoyens», a lancé My Hafid Elalamy (Voir séquence vidéo à 2h10mn).