Tunnel Maroc-Espagne: des embûches sur le chemin de sa concrétisation

Tanger, à l'extrémité du nord-ouest du royaume, sur le détroit de Gibraltar, se trouve à 14 kilomètres de la côte espagnole et à la périphérie du massif montagneux du Rif.

Tanger, à 14 kilomètres des côtes espagnoles.. DR

Revue de presseLe gouvernement espagnol a récemment choisi une entreprise allemande pour mener une étude de faisabilité concernant le projet de tunnel sous-marin, souvent évoqué, à travers le détroit de Gibraltar. Ce projet soulève néanmoins de nombreux défis technologiques, ainsi que des critiques. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 27/01/2025 à 18h40

L’idée d’une voie sous-marine reliant l’Espagne au Maroc pourrait enfin prendre un tournant concret, mais bien des questions persistent, ainsi que des critiques, constate Jeune Afrique.

Selon le mensuel, la filiale espagnole de l’entreprise allemande Herrenknecht a récemment été sélectionnée pour réaliser une étude de faisabilité technologique sur cet ambitieux mégaprojet.

«En décembre dernier, le gouvernement espagnol avait déjà marqué sa volonté de relancer ce concept en signant un contrat pour la location de quatre sismomètres, destinés à analyser le fond marin du détroit de Gibraltar», écrit-on.

Ce projet, régulièrement évoqué au fil des décennies, n’est pas nouveau.

Différentes approches ont été envisagées, comme la création d’une voie ferrée, le forage de puits d’exploration de 400 mètres de profondeur ou encore l’immersion de tubes d’acier.

Aujourd’hui, c’est l’idée d’un tunnel –voire d’un double tunnel– sous le détroit qui semble s’imposer comme solution privilégiée, explique Jeune Afrique.

Dès 1979, le défunt Roi Hassan II et Juan Carlos, le précédent Roi d’Espagne, avaient ravivé ce projet, adoptant «une démarche de rapprochement politique, économique, et commercial».

Dans les années 1980, un «Comité mixte hispano-marocain chargé de l’étude de faisabilité d’une liaison fixe entre l’Europe et l’Afrique à travers le détroit de Gibraltar» avait été initié, accompagné de la création de deux entités dédiées: la société marocaine Sned et l’espagnole Seceg SA.

Les comparaisons avec le tunnel sous la Manche, qui a récemment célébré ses 30 ans, sont nombreuses, mais des différences majeures existent, écrit-on.

Le tronçon sous-marin entre le Maroc et l’Espagne serait plus court –long d’environ 28 km, contre 38 km pour le tunnel reliant Calais, en France, à Douvres (Dover), au Royaume-Uni–, mais il devrait être creusé beaucoup plus en profondeur, dépassant les 200 mètres sous le niveau de la mer, indique Jeune Afrique.

Cette liaison sous-marine relierait la ville marocaine de Tanger à celle de Tarifa, en Espagne, mais sa concrétisation devra surmonter des défis techniques significatifs.

Situé à la jonction des plaques tectoniques africaine et européenne, le détroit de Gibraltar se compose de sols argileux instables, et ses courants marins sont puissants, deux obstacles qui pourraient compliquer sa réalisation.

Le coût exact de ce projet reste inconnu, en attendant les résultats de cette étude, menée par Herrenknecht.

Certains, au Maroc, dénoncent toutefois un investissement, jugé démesuré, au regard des priorités sociales qui prévalent dans le Royaume.

Les défenseurs de ce projet mettent en avant ses avantages: désengorger le détroit de Gibraltar, offrir un mode de transport plus rapide que les ferries et moins coûteux que l’avion, et assurer un flux annuel estimé à 13 millions de tonnes de marchandises et 12,8 millions de passagers.

Cependant, les sceptiques soulignent que la rentabilité économique du tunnel sous la Manche demeure incertaine, ce qui pourrait également peser sur ce projet transcontinental.

Les conclusions de l’étude diront si ce rêve, souvent remisé, prendra enfin forme ou restera encore une fois dans l’ombre.

Par Lamia Elouali
Le 27/01/2025 à 18h40