Tout sur l’implantation du système Main Chain au Maroc avec Saïd Ejdaa

Saïd Ejdaa, vice-président associé et DG de Vistory Maroc. (Khadija Essebar/Le360)

EntretienLe système révolutionnaire Main Chain permettant la téléportation d’informations et de toutes sortes de pièces de maintenance cryptées, s’installe au Maroc à travers l’entreprise anglaise Vistory. Son vice-président associé et directeur général au Maroc, Saïd Ejdaa, présente cette entreprise innovante dans un entretien pour Le360.

Le 25/05/2024 à 18h10

Saïd Ejdaa est ce qu’on peut appeler un fonceur. Ce Marocain de France, qui n’a jamais réclamé de passeport rouge bordeaux, est le vice-président associé et le DG de Vistory Maroc. Cette entreprise, dont la holding est anglaise, s’installe au Maroc. Détentrice du système Main Chain, véritable révolution dans le monde de l’industrie 5.0, cette entreprise devrait ouvrir sa première usine cybertron à Benguérir ou Benslimane d’ici fin 2024. «J’avais fait une promesse à mon père, selon laquelle un jour ou l’autre je reviendrais au Maroc avec quelque chose de très concret pour le pays», confie Saïd Ejdaa.

Nourri depuis toujours d’un élan patriotique sans bornes, notre interlocuteur affirme qu’en entrant dans le système, tout de suite après sa rencontre avec le PDG de Vistory LTD, Alexandre Pédemonte, il a découvert qu’il s’agissait d’une innovation avant-gardiste. Le système cyber sécurise les informations et permet de téléporter toutes sortes de pièces.

Le360: Vistory est implanté au Maroc depuis avril 2023, treize mois maintenant. Que fait cette entreprise plus exactement et quels sont ses différents champs d’intervention?

Saïd Ejdaa: au départ, Vistory est une société éditrice de logiciels de cybersécurité. Lorsque la Covid 19 a fait son apparition, la planète tout entière s’est mise à se dire qu’on avait trop délocalisé les usines de fabrication en Chine. La preuve, nous avons tous vu des pays qui se bagarraient pour des masques dans les aéroports... À partir de là, l’idée nous est venue de pouvoir industrialiser ce système. C’est un système qui s’appelle Main Chain qui permet la téléportation de dessins de pièces de maintenance, cryptés et cyber sécurisés via internet et Starlink (le satellite d’Elon Musk, NDLR) plus exactement.

Nous touchons à plusieurs secteurs, mais il y en a six qui sont prioritaires: la défense, l’aéronautique, l’automobile, le BTP, la santé.

Quels sont les secteurs d’intervention que vous avez déjà commencé à déployer au Maroc?

Nous avons un dossier déposé auprès de l’administration de la Défense nationale, nous sommes en cours de négociation avec des personnalités importantes, et des groupes très importants en matière d’investissement. Nous avons également un dossier en cours avec l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations l’AMDIE. Nous avons signé un mémorandum d’entente l’année dernière lors du GITEX 2023 à Marrakech avec Ali Sadiki, DG de l’AMDIE, Ghita Mezzour, ministre déléguée auprès du chef du gouvernement chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce du Maroc et Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’évaluation des Politiques publiques. À aujourd’hui, les secteurs que nous avons déjà démarchés sont: la défense, l’industrie lourde et l’automobile.

Vous avez signé un contrat pour la création d’une usine cybertron. De quoi s’agit-il plus exactement?

Nous avons l’intention de construire une première usine Vistory Maroc cybertron. L’unité sera installée soit à Benslimane, soit à Benguérir. On embauchera 70 personnes. L’usine fera 2000 mètres² constructibles sur un parc de 4000 mètres², parkings et autres fonctionnalités inclus.

En dessous, au premier étage, il y aura entre 80 et 100 machines qui seront là en batterie quel que soit le matériel à réaliser. Nous sommes capables de faire du titanium, du polyester, du plastique. On peut faire du bois également. On peut faire de la peau humaine. On peut faire tout ce qu’on souhaite en matière d’impression.

«Nous avons l’intention de construire une première usine Vistory Maroc cybertron. L’unité sera installée soit à Benslimane, soit à Benguérir. On embauchera 70 personnes. L’usine fera 2000 mètres² constructibles sur un parc de 4000 mètres², parkings et autres fonctionnalités inclues.»

—  Said Ejdaa, Vice Président et DG de Vistory Maroc

À partir de cette usine, il va y avoir aussi ce que nous appelons les «Mobile clinics»: ce sont des conteneurs, des mini-usines aménagées. Il est possible de les positionner n’importe où dans le pays et à partir de l’usine ou de n’importe où, envoyer les informations via Main Chain et ses outils, les pièces de maintenance et de rechange sont directement fabriquées sur place. Ainsi, de cette manière on peut parler de décarbonation, et de pièces à la demande. Plus besoin de faire des stocks énormes et d’avoir une pollution visuelle dans les magasins ou dans les unités de production. Plus d’argent qui dort. Il n’y aura pas de taxes non plus sur le CO2, puisque chaque entreprise comprendra que ce n’est pas une petite économie. En plus de tout cela, nous allons pouvoir faire en sorte que tout le système des petites entreprises qui sont liées à ces activités-là puisse trouver de la valeur ajoutée.

Quel est le montant d’investissement que vous comptez déployer au Maroc?

L’unité cybertron Vistory Maroc, c’est un coût de 20 à 22 millions d’euros. C’est ce que ça coûte. Nous sommes capables de positionner quelques millions d’euros au départ, mais il va y avoir également une subvention de l’AMDIE à hauteur de 30% du montant d’investissement. Le reste du financement se fera avec des investisseurs que je suis en train de démarcher.

Pour éviter la fuite des cerveaux, avez-vous l’intention de recruter des compétences marocaines?

Ce sujet me touche profondément parce que j’ai vu ce qui se passe dans le monde. J’ai vu les miens dans des pays lointains qui sont surqualifiés et qui arrivant là-bas n’ont pas la place qu’ils méritent. Pour le Maroc, ce sont des fuites de cerveaux, mais des fuites de capitaux également parce que c’est l’État qui a financé leurs études. Pourquoi une fois qu’ils sont diplômés, ils ne restent pas chez nous?

«L’unité cybertron Vistory Maroc, c’est un coût de 20 à 22 millions d’euros. C’est ce que ça coûte. Nous sommes capables de positionner quelques millions d’euros au départ, mais Il va y avoir également une subvention de l’AMDIE à hauteur de 30% du montant d’investissement.»

—  Said Ejdaa, Vice Président et DG de Vistory Maroc

En tant que DG ici et vice-président associé de Vistory Maroc, mon intention est de faire travailler exclusivement les Marocains. Nous avons des pépites ici. La seule chose dont on a besoin, c’est de leur donner la possibilité de s’exprimer et de faire en sorte qu’ils puissent vivre leur rêve. Nous avons l’intention de recruter 70 personnes par unité de production. J’ai besoin de développeurs, j’ai besoin de programmeurs, de chefs d’usine, d’assistantes commerciales...

Une fois que l’usine sera positionnée véritablement, nous allons lancer des recrutements via des cabinets de recrutement ou la direction juridique du groupe. Mais ça sera de l’emploi local, national. Hors de question qu’il y ait des gens de l’extérieur.

Votre entreprise vend ses services à l’armée française, entre autres. Est-ce que ces mêmes services pourraient être vendus à l’armée marocaine?

Je vous annonce que récemment, nous avons été homologués auprès de l’Intradef qui est la haute certification auprès des armées. Nous sommes en effet sur le porte-avion Charles de Gaulle avec le système Main Chain. En quelque sorte, si vous êtes en pleine mer dans votre navire et que vous avez un bateau qui tombe en panne, la seule chose que vous pouvez faire c’est d’appeler les garde-côtes, de revenir jusqu’au port et attendre votre pièce qui est cassée, un, deux ou trois mois, le temps qu’elle arrive de l’étranger ou du fournisseur s’il en a une. Mais avec le système Main Chain à bord, vous avez la possibilité de fabriquer la pièce sur place, in situ, l’installer et repartir. On sauve des vies, on fait gagner des guerres des fois et on est extrêmement importants en matière de maintenance et de rapidité d’exécution.

Par Qods Chabâa et Khadija Essebar
Le 25/05/2024 à 18h10