Tanger Med propulse le Maroc au rang de hub maritime mondial

Le port Tanger Med.

Le port Tanger Med.

Revue de presseDans un contexte de tensions géopolitiques, de détours des routes commerciales et de transition énergétique, le port marocain se distingue par son efficacité, sa connectivité croissante et sa capacité à capter le trafic de transbordement entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Casablanca, quant à elle, consolide son rôle régional, faisant du Royaume un pivot logistique stratégique à la croisée des continents. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 24/09/2025 à 20h57

Les tensions géopolitiques, les nouveaux droits de douane et la reconfiguration des routes maritimes redessinent la carte du commerce mondial. Dans ce contexte mouvant, l’Afrique renforce sa connectivité maritime de 10%, et le Maroc se distingue grâce à l’excellence de son port de Tanger Med, devenu un hub euro-africain incontournable.

«Selon le Review of Maritime Transport 2025 de la Cnuced et le Container Port Performance Index 2020–2024 de la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence, le transport maritime, qui assure plus de 80% du commerce mondial, traverse une période de forte volatilité», écrit le quotidien L’Economiste dans son édition du jeudi 25 septembre. Les perturbations causées par les conflits en mer Rouge, la pandémie et la transition énergétique allongent les trajets, augmentent les coûts et bouleversent les schémas commerciaux. Pourtant, certains ports parviennent à tirer leur épingle du jeu.

Tanger Med s’impose comme un exemple de performance portuaire. Classé 5ᵉ mondial en 2024 avec un indice CPPI de 135,8, le port marocain domine le continent africain et figure parmi les meilleurs au monde. La croissance rapide de la connectivité maritime africaine (+10% entre juin 2024 et juin 2025) profite directement aux ports situés sur la route alternative du Cap de Bonne-Espérance, dont Tanger Med, attirant le trafic détourné de la mer Rouge.

«Le conflit en mer Rouge a allongé les distances parcourues par les navires et augmenté le volume en tonne-milles de 6,1% en 2024, bien plus que le volume physique (+2,2%). Ce détour profite aux ports africains stratégiquement situés, notamment Tanger Med, qui capte une part croissante du trafic de transbordement entre l’Asie et l’Europe, consolidant son rôle de hub logistique majeur», souligne L’Economiste.

La performance de Tanger Med repose sur des investissements massifs dans les infrastructures modernes, la digitalisation, la création de zones logistiques intégrées et la mise en place de guichets uniques numériques. La Banque mondiale souligne que ces facteurs (efficacité opérationnelle, partenariats avec des opérateurs mondiaux et coordination douanière) sont déterminants pour améliorer la compétitivité portuaire, notamment dans les pays en développement.

Malgré ses succès, le Maroc doit anticiper les enjeux de la transition énergétique. La Cnuced alerte sur la nécessité de décarboner le transport maritime: seuls 8% de la flotte mondiale utilisent actuellement des carburants alternatifs. «Tanger Med devra développer des infrastructures de ravitaillement en GNL ou hydrogène et favoriser une transition juste pour les travailleurs, notamment en intégrant davantage de femmes dans les postes de manutention, aujourd’hui inférieurs à 2%», note le quotidien.

D’autres ports dans le monde en développement tirent également parti des réformes structurelles. Dakar, Jawaharlal Nehru, Mersin, Port-Saïd ou Posorja ont amélioré leur efficacité grâce à l’automatisation, aux partenariats internationaux et aux opérations 24 h/24. Les deux rapports convergent sur un impératif : accélérer la transition numérique et écologique tout en garantissant son équité.

Pour le Maroc, l’enjeu est double: capitaliser sur l’avantage actuel de Tanger Med et Casablanca tout en investissant dans la décarbonation, la cybersécurité et la formation des travailleurs portuaires. «Avec des améliorations dans la planification, la technologie et la coopération logistique, les ports peuvent accroître sensiblement leur efficacité», souligne Nicolas Peltier-Thiberge, directeur mondial pour les transports à la Banque mondiale.

Par La Rédaction
Le 24/09/2025 à 20h57