Surestaries: le plan d'attaque de la tutelle est prêt

Le Maersk Mc-Kinney Moller dispose d'une capacité de transport de 18.000 conteneurs EVP par voyage

Le Maersk Mc-Kinney Moller dispose d'une capacité de transport de 18.000 conteneurs EVP par voyage . DR

Avec au moins 300 millions de DH, les surestaries sont au fil des ans devenus une sérieuse problématique qui entrave la compétitivité du commerce extérieur. Le ministère a identifié les mesures urgentes à mettre en place pour y remédier.

Le 19/03/2016 à 16h18

Forte mobilisation chez le ministère de l’équipement, du transport et de la logistique pour trouver une solution au problème des surestaries.

Pour rappel, plusieurs opérateurs, notamment dans le domaine maritime, se sont plaints ces dernières années de l’aggravation du montant des pénalités payées aux armateurs en cas de retard dans le chargement ou le déchargement des navires. Aujourd’hui, on parle d’un coût d’au moins 300 millions de DH par an sur la base des estimations de l’office des changes, sachant que les surestaries n’apportent aucune valeur ajoutée aux opérateurs nationaux vu qu’ils sont reversés à des armateurs étrangers. En d’autres termes, c’est de l’argent jeté par les fenêtres pour des raisons qui peuvent pourtant être évitées.

C’est pourquoi le ministère de tutelle avait commandité, fin 2015, une étude pour tenter de trouver une solution concrète à ce phénomène. Cette étude fait aujourd’hui l'objet de réunions entre la tutelle, les établissements publics en lien avec le secteur portuaire (ANP, Marsa Maroc…) et les administrations en lien avec le commerce extérieur (Douanes, Office des changes…). La dernière en date remonte à il y a quelques jours. Elle a permis, selon des sources ministèrielles, «d’identifier les mesures d’ordre opérationnel permettant la concrétisation des différents chantiers relevant des départements et administrations concernés ».

Encourager l'enlèvement rapide des marchandises

Ainsi, des actions ayant trait à l’organisation des activités portuaires, leur exploitation et à l’investissement ont été entérinées. Il s’agit en premier lieu de la mise en place d’une tarification dissuasive pour le stockage prolongé dans les silos portuaires. Selon une source opérant dans le transit portuaire, les silos portuaires sont en effet utilisés par certains opérateurs comme des lieux de stockage des céréales importées alors qu’en principe, ils ne devraient accueillir les produits seulement en attendant que les démarches de sortie des marchandises du port soient réalisées.

« Ceci fait en sorte que des navires livrant des céréales à des clients marocains se retrouvent bloqués en mouillage vu que le déchargement ne peut être opéré », souligne notre source. Ceci a bien entendu pour conséquence l’application par l’armateur de pénalités de retard. En mettant en place une nouvelle tarification, le département de tutelle souhaite dissuader les opérateurs de stocker leurs céréales dans les silos portuaires, de manière à fluidifier le déchargement de ces produits des navires. Dans le même sens, des incitations devraient être mises en place pour encourager les «courts séjours». Ce sera une sorte de récompense pour les opérateurs qui enlèvent leur marchandise des ports rapidement.

Meilleure organisation au niveau des portsD’autres mesures devraient également être mises en place pour améliorer les conditions de déchargement des produits pétroliers. Il s’agit en effet du dédoublement des «pipes» GPL au port de Mohammedia et la réalisation d’un benchmark concernant les mouvements de nuit dans ce port. Rappelons que jusque-là, le déchargement des produits était interdit de nuit dans le port de Mohammedia «pour des raisons de sécurité», nous explique un opérateur maritime.

Le ministère a, en outre, décidé d’activer le projet de mise en place du Guichet Unique Physique, l’intégration du système de suivi du paiement des surestaries dans Portnet et l’évacuation des marchandises en souffrance vers les zones extra-portuaires.

A travers ces initiatives, le département de Rabbah espère apporter une solution concrète à la problématique des surestaries qui, rappelons-le, impacte non seulement les comptes des opérateurs maritimes, mais aussi la compétitivité du commerce extérieur national.

Par Younès Tantaoui
Le 19/03/2016 à 16h18