Stress hydrique: l’appui du ministère aux projets d’aménagement hydroagricole n’est pas suffisant, selon l’expert Said Chakri

Des effets de la sécheresse. (Photo d'illustration)

Le ministère de l’Agriculture a lancé un appel d’offres dont l’objet est l’assistance technique pour l’appui aux projets d’irrigation, de transfert de l’eau entre bassins hydrauliques, de déminéralisation des eaux saumâtres des nappes et de dessalement de l’eau de mer. Said Chakri, expert en environnement et changement climatique que Le360 a fait réagir à ce sujet, indique que la problématique du stress hydrique au Maroc est d’une telle ampleur qu’elle nécessite un traitement beaucoup plus profond.

Le 09/08/2024 à 17h35

La direction de l’irrigation et de l’aménagement de l’espace agricole, relevant du ministère de l’Agriculture, a lancé une consultation pour l’appui aux projets d’aménagement hydroagricole, hydraulique et d’aménagement de l’espace agricole à l’échelle nationale.

Cette consultation, indique cette direction, intervient dans le cadre du volet «eau» de la stratégie Génération Green qui a pour objectif d’assurer la durabilité du développement agricole en mobilisant et en préservant les ressources naturelles dans un contexte de changements climatiques et de persistance du stress hydrique.

L’ambition, ajoute-t-elle, est ainsi de doubler l’efficacité hydrique et de développer un secteur agricole performant dans le respect de l’écosystème environnemental.

Le prestataire retenu à l’issue de cet appel d’offres devra apporter de l’assistance pour l’appui technique, économique et socio-environnemental des projets relevant du domaine de l’irrigation et d’aménagement de l’espace agricole (hydroagricole, hydraulique, foncier, pistes, parcours, constructions, irrigation, mise en valeur agricole).

Il apportera aussi de l’assistance technique pour l’appui aux projets de transfert de l’eau entre les bassins hydrauliques et entre les barrages et aux projets de déminéralisation des eaux saumâtres des nappes. Sont également concernés par cette assistance technique les projets de dessalement d’eau de mer, ceux entrant dans le cadre du partenariat public-privé en irrigation et les projets adoptant les énergies renouvelables.

Interrogé à ce sujet par Le360, Said Chakri, expert et consultant en environnement et changement climatique, indique que la problématique du stress hydrique au Maroc, vu sa complexité et son ampleur, nécessite une prise en charge de portée beaucoup plus importante.

Pour des solutions durables au lieu des mesures palliatives

Cet expert insiste sur la nécessité d’avoir une vision claire pour le long terme. Pour ce faire, il faudra, souligne-t-il, organiser un colloque national avec l’implication de tout le monde, y compris les simples citoyens. Ce colloque devra donner lieu à l’émergence d’un nombre important d’idées de solutions qui seront affinées, par la suite, par les experts.

Cette approche, explique-t-il, aura de nombreux avantages. Il s’agit, notamment, de faire de la question de l’eau une affaire de tous et non seulement d’une élite. Ce qui permettra de favoriser une large prise de conscience de la nécessité de changement de comportement quant à l’utilisation de l’eau et une mobilisation nationale à cet effet.

Ce débat public, ajoute l’expert, débouchera également sur une stratégie bien fondée devant permettre aux acteurs impliqués dans la question de l’eau d’être proactifs et d’anticiper au lieu de naviguer à vue.

Ce qui garantira d’apporter des solutions durables pour ne plus se contenter des mesures palliatives, note-t-il, soulignant la nécessité d’instaurer des mécanismes de concertation à cet effet. Said Chakri a, par ailleurs, émis des réserves sur le penchant des responsables à recourir presque systématiquement aux bureaux d’études pour apporter des solutions dans ce domaine.

Par Lahcen Oudoud
Le 09/08/2024 à 17h35