L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P Global Ratings) a annoncé, vendredi 26 septembre, l’amélioration de la note souveraine du Maroc, passée de BB+/B à BBB-/A-3. Une décision qui reflète, selon l’agence, la solidité des politiques macroéconomiques conduites par le royaume et les réformes structurelles en cours. Les perspectives sont qualifiées de stables.
Une économie qui tient face aux chocs
Malgré un contexte international marqué par les tensions commerciales et la montée des incertitudes géopolitiques, l’économie marocaine a su préserver sa trajectoire de croissance. S&P prévoit une hausse moyenne du PIB réel de 4% entre 2025 et 2028, soutenue par l’investissement public et privé, la consommation intérieure ainsi que le dynamisme de plusieurs secteurs stratégiques.
Les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, des phosphates et du tourisme continuent d’attirer des investissements et de renforcer les exportations. À eux seuls, les biens et services exportés représentent déjà 42% du PIB en 2025, contre une moyenne de 32% durant la période 2015-2019.
Le tourisme illustre cette vitalité: entre janvier et août 2025, le royaume a accueilli 13,5 millions de visiteurs, soit une progression de 15% par rapport à la même période de l’an dernier.
Déficit en recul, dette en baisse
Sur le plan budgétaire, S&P anticipe une réduction progressive du déficit, qui devrait atteindre 3% du PIB d’ici 2026, contre environ 5% en 2022. L’agence souligne l’impact positif des réformes fiscales entreprises: rationalisation des exonérations, simplification de la TVA, et meilleure intégration de l’économie informelle.
Grâce à ces mesures et à la croissance nominale du PIB, la dette publique devrait repasser sous la barre des 60% du PIB en 2028, après un pic à 64,7% en 2022. L’endettement extérieur reste maîtrisé, avec une part de la dette en devises limitée et un profil de remboursement étalé.
Réserves de change et flux d’investissements confortés
Les réserves de change, actuellement équivalentes à 5,5 mois d’importations, devraient continuer de croître, soutenues par des flux d’investissements directs étrangers (IDE) attendus en forte progression (plus de 20% par an sur la période 2025-2028).
Ces investissements se concentrent notamment dans l’énergie, l’automobile, le transport, les télécommunications et les infrastructures liées à la Coupe d’Afrique des Nations (2025) et à la Coupe du Monde (2030).
Des réformes sociales et institutionnelles saluées
L’agence met en avant la portée des réformes sociales engagées par le Maroc. L’extension de la couverture médicale obligatoire a déjà permis de passer de 7,8 millions de bénéficiaires en 2021 à 25 millions en 2024. Le registre social unifié, en cours de généralisation, vise à mieux cibler les aides sociales.
Sur le marché du travail, le gouvernement s’est fixé comme objectif de ramener le chômage à 9% d’ici 2030, contre 12,8% actuellement. Des programmes de formation, de soutien aux PME et de digitalisation de l’économie sont mobilisés à cet effet.
Vulnérabilité climatique: le talon d’Achille
S&P nuance toutefois son appréciation par les risques climatiques, qui demeurent une source de fragilité. L’agriculture, représentant 10% du PIB et un quart de l’emploi, a perdu près de 900.000 postes en cinq ans à cause des sécheresses récurrentes.
Face à ce défi, les autorités ont lancé un vaste plan de gestion de l’eau, combinant barrages, stations de dessalement, projets de transfert hydraulique et programmes de rationalisation de la consommation. L’objectif: sécuriser l’approvisionnement et réduire la dépendance aux aléas pluviométriques.
Perspectives stables mais prudence requise
Pour S&P, les perspectives stables traduisent un équilibre entre les avancées structurelles et les défis persistants: revenu par habitant encore modeste, chômage élevé, vulnérabilité agricole et incertitudes internationales.
Un scénario baissier pourrait émerger si le déficit budgétaire ou la balance courante s’écartaient sensiblement des prévisions. Un scénario haussier serait envisageable en cas d’amélioration durable de la croissance et des finances publiques, ou encore si le Maroc accélérait la transition vers un régime de change plus flexible.
En attendant, la revalorisation de la note souveraine à BBB-/A-3 constitue un signal positif pour les investisseurs et une reconnaissance des réformes économiques et sociales en cours.







