Secteur bancaire marocain: «très bien, mais peut mieux faire», selon McKinsey

Le panorama des groupes bancaires marocains.

Dans son rapport annuel sur le secteur bancaire international, le cabinet de conseil McKinsey met en avant la stabilité du rendement des banques marocaines, tout en soulevant quelques challenges à relever, notamment en matière d’incertitudes sur l’inflation, la croissance et le contrôle des coûts.

Le 18/10/2023 à 18h35

À l’échelle mondiale, les banques ont récemment traversé une période de prospérité inédite, avec des profits en constante hausse. C’est ce que révèle le rapport accuel Global Banking Annual Review 2023 de McKinsey, indiquant qu’en matière de performance, le secteur a vécu ses 18 meilleurs mois des 15 dernières années.

Cette impressionnante reprise a été stimulée par la hausse des taux d’intérêt, qui a propulsé les profits des grandes institutions financières mondiales à 1.300 milliards de dollars US, avec une projection de 1.400 milliards de dollars US pour 2023. De plus, le rendement des capitaux propres (ROE) est passé de 9% en 2010 à 12% en 2022, avec une prévision de 13% pour 2023.

L’Afrique n’a pas été en reste. Son secteur bancaire a enregistré des résultats avant impôts de 22,3 milliards de dollars en 2022, avec une croissance moyenne d’environ 8% par an par rapport à 2021. Les ROE en Afrique restent supérieurs à la moyenne mondiale, atteignant 15% en 2022, avec une projection de 16% en 2023. Certaines banques africaines se classent d’ailleurs parmi les plus rentables au monde, marquant ainsi une tendance positive après des années de compression des marges, là aussi grâce à l’augmentation des taux d’intérêt sur le continent.

Des challenges à relever

Si les banques marocaines sont logées à la même enseigne, avec des résultats en nette progression, elles font cependant face à des challenges qui exigent une certaine prudence, avertissent les analystes de McKinsey. Il s’agit notamment de l’hétérogénéité des performances selon les catégories d’acteurs et les géographies.

«Au Maroc, par exemple, le modèle de prêts à taux fixe met les bénéfices sous pression, et le ROE atteint en moyenne 8%. Face à la grande transition du secteur, qui se caractérise par le déplacement de trois composantes essentielles de l’activité bancaire -le bilan, les transactions et la distribution- des banques historiques vers les acteurs non traditionnels, le Maroc fait figure d’exception en concentrant la plupart des activités dans les banques universelles», explique François Jurd de Girancourt, directeur associé au bureau McKinsey de Casablanca.

Pour les analystes de McKinsey, dans les prochaines années, les banques marocaines devront poursuivre la consolidation de leurs positions, en améliorant le ratio coûts/revenus, qui demeure élevé, en progressant sur l’adoption digitale et l’utilisation de la data, et en rendant leur modèle plus agile, par exemple à travers des joint-ventures et des partenariats avec d’autres acteurs.

Il sera aussi essentiel pour elles de s’adapter à des risques changeants, notamment l’incertitude sur l’inflation et la croissance, les défis dans certains secteurs spécifiques. D’autres risques sont liés aux exigences réglementaires fluctuantes, à la cybercriminalité et à la fraude, ainsi qu’à l’utilisation de l’IA dans le système bancaire. La capacité à gérer tous ces risques sera un facteur de différenciation décisif pour les banques.

«Toutes ces priorités ont des implications cruciales pour les institutions financières qui se doivent d’être correctement positionnées si elles souhaitent générer des rendements adéquats. Les années à venir continueront à creuser l’écart croissant entre les leaders et les autres», conclut François Jurd de Girancourt.

Par Safae Hadri
Le 18/10/2023 à 18h35