Secteur avicole: la performance au défi de l’informel

Un élevage de poulets.. DR

Revue de presseMalgré une production avicole robuste, le secteur pâtit d’une commercialisation largement informelle. Pour y remédier, la modernisation des abattoirs et l’intégration dans des circuits formels apparaissent comme des enjeux cruciaux. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 16/07/2025 à 21h20

Malgré une production avicole florissante et une autosuffisance en viandes blanches, le secteur marocain souffre d’une faille majeure: une commercialisation largement informelle et non sécurisée qui fragilise sa compétitivité. Le constat est du quotidien Les Inspirations Eco.

Lors d’une récente rencontre organisée à Fès, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) a tiré la sonnette d’alarme sur ce dysfonctionnement structurel, appelant à une modernisation urgente des abattoirs pour garantir la qualité sanitaire, renforcer la confiance des consommateurs et ouvrir de nouveaux débouchés à haute valeur ajoutée, lit-on.

Le Maroc peut se targuer d’être autosuffisant en viandes blanches grâce à une production avicole qui répond aux besoins nationaux. Pourtant, une large part de cette production échappe aux circuits officiels. Selon les chiffres révélés par Ahmed Daoudi, directeur de la FISA, près de 80% des volumes transiteraient encore par des circuits informels, souvent insalubres et non contrôlés. Ce phénomène constitue un réel risque sanitaire et économique. Seuls 20% de la production sont actuellement traités dans des abattoirs agréés par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), avertit Les Inspirations Eco.

Cette situation traduit un goulot d’étranglement dans la chaîne de valeur avicole, qui affecte la valorisation des produits et limite l’accès des éleveurs à des marchés exigeants, notamment les grandes surfaces, la restauration collective et l’hôtellerie. L’intégration des opérateurs dans des circuits formels, sécurisés et tracés, apparaît ainsi comme un enjeu prioritaire, en cohérence avec la loi 28-07 sur la sécurité sanitaire des aliments.

La région Fès-Meknès, pôle majeur de la filière, illustre parfaitement cette problématique. Elle assure à elle seule 30% de l’approvisionnement national en œufs de consommation et 10% en viande blanche, lit-on. Mais si la production est bien encadrée en amont, notamment grâce à la loi 49-99, la transformation et la commercialisation accusent un retard notable.

Cité par Les Inspirations Eco, Khalid Zaim, président de l’Association des producteurs d’œufs et délégué régional de la FISA, pointe du doigt l’absence d’abattoirs modernes agréés dans la région. Les élevages dépendent encore largement des «riyachates», ces tueries traditionnelles qui ne répondent pas aux normes sanitaires actuelles. Ce déficit d’infrastructures spécialisées freine considérablement l’accès à des marchés à forte valeur ajoutée et empêche le secteur de pleinement exploiter son potentiel économique.

Face à ces enjeux, la FISA et ses partenaires ont mis en place une série d’incitations destinées à accompagner la transition vers des structures d’abattage modernes, conformes aux standards de l’ONSSA. L’objectif est d’encourager à la fois les propriétaires actuels de riyachates à moderniser leurs installations et les jeunes entrepreneurs à investir dans des abattoirs de faible capacité, plus flexibles et adaptés aux besoins locaux.

À ce jour, 25 projets de création d’abattoirs modernes bénéficient déjà d’un accompagnement technique et administratif pour faciliter leur agrément sanitaire. Cette démarche est perçue comme un investissement stratégique majeur, susceptible de garantir la sécurité sanitaire des produits, d’améliorer leur traçabilité et de rehausser l’image du Maroc sur les marchés internationaux.

Ces efforts s’inscrivent dans la stratégie «Génération Green 2020-2030», qui ambitionne de porter la production avicole à 900.000 tonnes, avec une part prépondérante (90%) traitée dans des abattoirs agréés, lit-on encore. Cette transformation permettra non seulement d’améliorer la qualité et la sécurité des produits, mais aussi d’ouvrir la voie à une valorisation accrue, renforçant ainsi la compétitivité nationale.

Par La Rédaction
Le 16/07/2025 à 21h20