En à peine cinq ans, le secteur de la santé est passé de l’ombre à la lumière sur la place boursière casablancaise. Longtemps relégué au second plan, il s’impose désormais comme l’un des segments les plus courtisés par les investisseurs, constate le magazine Finances News Hebdo. Le tournant? L’introduction en Bourse d’Akdital, pionnier du privé, dont le parcours boursier fulgurant a ouvert la voie à une nouvelle dynamique.
Dernier exemple en date, Vicenne. Avec plus de 37.000 souscripteurs et une demande qui a explosé toutes les prévisions pour une levée de 500 millions de dirhams, le groupe illustre l’engouement inédit des épargnants. Loin d’être un simple succès de marketing orchestré par les banques conseils, ce boom révèle la confiance placée dans des fondamentaux solides, marqués par une démographie en mutation, un cadre réglementaire en expansion et des technologies médicales en plein essor.
Si la santé séduit aujourd’hui, c’est d’abord parce que le Maroc vieillit, écrit Finances News. L’espérance de vie ne cesse d’augmenter tandis que la natalité recule, transformant la pyramide des âges en colonne. Résultat: la consommation de soins progresse de manière structurelle. Conscient de cet enjeu, l’État multiplie les budgets. Entre 2019 et 2025, les dépenses publiques de santé devraient doubler, passant de 16,3 à 32,6 milliards de dirhams, soit une croissance annuelle moyenne de 12,2%. Certes, le Maroc reste loin des standards de l’OCDE, mais ce rattrapage offre déjà de solides perspectives pour le secteur privé.
Et celui-ci ne s’est pas fait prier. En quatre ans, le nombre de cliniques privées est passé de 375 à 453, portant leur part de la capacité litière nationale à 40% contre 28% auparavant. L’investissement s’intensifie dans des créneaux à haute valeur ajoutée: imagerie médicale, biologie moléculaire ou radiologie interventionnelle. Vicenne a d’ailleurs bâti son développement sur ces segments, tout en misant sur une expansion panafricaine. Comme Akdital, qui prépare son arrivée au Moyen-Orient, Vicenne renforce ses positions au Sénégal et en Côte d’Ivoire, attirant ainsi les gestionnaires d’actifs en quête de diversification régionale, lit-on.
Autre catalyseur majeur, remarque Finances News Hebdo, la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Avec une couverture passée à 70% de la population, le marché de la santé est devenu solvable à grande échelle. Un changement de paradigme qui transforme une partie de la demande autrefois latente en une clientèle captive. À cela s’ajoutent les nouvelles règles de gouvernance sanitaire, comme la mise en place des Groupements sanitaires territoriaux, censés mieux répartir les ressources et optimiser la gestion des infrastructures.
Le plan «Santé 2025» va dans le même sens. Quelque 24 milliards de dirhams d’investissements prévus, dont 14 milliards pour le seul secteur hospitalier. De quoi remplir le carnet de commandes des opérateurs et équipementiers cotés.
Le défi reste néanmoins immense. Avec seulement 12,8 lits pour 10.000 habitants, le Maroc se rapproche timidement de la moyenne MENA (15) mais reste bien loin des 46 lits pour 10.000 habitants des pays de l’OCDE. Certaines régions comme Casablanca-Settat tirent leur épingle du jeu, mais d’autres, à l’image de Dakhla-Oued Ed-Dahab, restent nettement sous-équipées. Autant d’opportunités pour les investisseurs, qui voient dans ce déficit structurel un puissant levier de croissance.
En Bourse, le secteur de la santé répond à une attente forte, celle de valeurs capables de générer une croissance pérenne et prévisible, lit-on encore. Les entreprises du secteur bénéficient de revenus assis sur des besoins structurels, relativement insensibles aux cycles économiques. Résultat: même lors des phases de correction, comme l’a montré Akdital, les valorisations tiennent bon.








