Sans pluies dans les prochaines semaines, la campagne agricole 2024-2025 compromise

Le Maroc connait un sévère cycle de sécheresse qui dure depuis 7 ans. (Photo d’illustration)

La campagne agricole 2024/2025 risque d’être très mauvaise s’il ne pleut pas dans les prochaines semaines, indique Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural. Le constat, pour le moins alarmant, vaut autant pour les céréales et les cultures printanières que pour l’arboriculture et l’élevage.

Le 12/02/2025 à 14h26

La campagne agricole 2024/2025 traverse une phase critique, marquée par un démarrage difficile et un déficit hydrique préoccupant. Cependant, selon Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), tout n’est pas encore perdu. Le sort de cette saison agricole dépendra en grande partie des précipitations des trois ou quatre prochaines semaines. Si elles sont suffisantes, elles pourraient sauver les céréales, les cultures printanières, l’élevage et même l’arboriculture pour l’année prochaine. Dans le cas contraire, la situation pourrait devenir catastrophique.

«Nous sommes à mi-parcours de la campagne agricole. Et vu l’état actuel des choses, elle est pour l’instant mauvaise, voire très mauvaise, après un démarrage très difficile, voire raté», explique-t-il, dressant un bilan d’étape pour le moins mitigé.

Pour les agriculteurs qui ont déjà semé ou commencé à le faire au début de la campagne, «la récolte est pratiquement déjà perdue», argumente notre interlocuteur, évoquant un retard de deux mois par rapport à une campagne normale.

L’important déficit hydrique qui frappe l’ensemble des régions, sans exception, aggrave la situation. Car si le mois d’octobre 2024 a été marqué par des précipitations précoces et généralisées, la période qui a suivi a été particulièrement sèche jusqu’à la mi-janvier 2025, où les pluies sont enfin revenues. Selon les données du ministère de l’Agriculture, le cumul pluviométrique au 31 janvier 2025 s’élève à 98 mm, soit une timide hausse de 1,5 % par rapport à la campagne précédente, mais une baisse de 27,6 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Pour Rachid Benali, cette baisse est d’autant plus inquiétante que les cinq dernières années étaient déjà sèches. Toutefois, il garde espoir à la suite du récent retour des pluies. «Si les précipitations retrouvent un niveau soutenu dans les prochaines semaines, elles pourraient sauver les superficies semées récemment», précise-t-il.

L’élevage en grande difficulté

Ces pluies, si elles arrivent durant les mois de mars et avril, seront également décisives pour l’arboriculture et pour les cultures printanières, dont le semis a déjà commencé. Ces dernières dépendent fortement des précipitations, car les alternatives, comme l’accès à l’eau des barrages ou le creusement de puits, restent limitées et coûteuses. «Sans pluies suffisantes, ces cultures risquent de subir de lourdes pertes», avertit Rachid Benali.

L’élevage, un secteur clé de l’économie agricole marocaine, est également en crise. «L’élevage souffre énormément et va très mal», constate le président de la COMADER. Le manque de pâturages, à l’exception de la plaine du Saïss et de l’Oriental, où la situation est relativement meilleure, et la flambée des prix des fourrages mettent les éleveurs en grande difficulté. Pour faire face, ces derniers se tournent vers l’orge et les aliments composés subventionnés par le gouvernement, mais ces solutions restent insuffisantes, conclut-il.

En attendant, agriculteurs et éleveurs gardent un espoir ténu, espérant que des précipitations durant les prochaines semaines permettront de sauver une campagne agricole qui, pour l’instant, semble bien compromise.

Par Lahcen Oudoud
Le 12/02/2025 à 14h26

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

0/800