D’un chantier stratégique, il s’est transformé en un véritable embrouillamini. Certes, à en croire les pouvoirs publics, le passage vers un régime de change flexible est inéluctable. Mais l’échéance de sa mise en application et, surtout, son report de dernière minute ont suscité de nombreuses questions.
Rappel des faits. Durant tout le premier semestre, un grand chantier de sensibilisation a été initié par les autorités monétaires, particulièrement Bank Al-Maghrib, afin de préparer tout le monde à ce changement. L’entrée en vigueur du nouveau régime de change était alors programmée pour le début du deuxième semestre. Fin juin, le ministère de l’Économie et des finances annonçait l’organisation d’une conférence de presse qui allait selon toute vraisemblance officialiser le démarrage du processus de flexibilisation le 1er juillet avec, dans un premier temps, l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham.
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Contre toute attente, et pour des raisons qui sont restées floues, l’entrée en vigueur du nouveau régime a été «reportée».
Dans sa première interview télévisée en juillet dernier, soit quelques jours après ce report, le Chef du gouvernement a indiqué qu’il était nécessaire de réaliser des études supplémentaires et que la flexibilisation n’est pas annulée.
Mais d’aucuns croient très peu à cet argument. D'autant que durant les quelques jours précédents la date initiale de l’entame du processus de flexibilisation, d’importants mouvements relatifs à des couvertures contre une dévaluation du dirham à cause de cette réforme ont été constatés dans le secteur bancaire. La Banque centrale n’a d’ailleurs pas hésité à critiquer ce comportement, estimant qu’elle avait préparé ce chantier en toute transparence avec les banques et les opérateurs. Aussi n’a-t-elle pas apprécié un tel recours aux couvertures. D’ailleurs, une enquête a été ouverte pour déterminer s’il y a eu spéculation sur une dévaluation du dirham ou si ces mouvements de couvertures étaient justifiés.
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Depuis, plus aucune indication sur l’entrée en vigueur de cette réforme n'a filtré, les officiels se contentant de déclarer qu’elle est imminente alors qu’aucune partie, ni au gouvernement ni chez les autorités monétaires, n’ose plus s’engager sur une date. Au point que certains spécialistes n’hésitent pas à prédire une entrée en vigueur surprise, sans annonce préalable, pour éviter un nouveau mouvement spéculatif.
Quoi qu’il en soit, si l’on se fie aux analyses des experts, notamment ceux du Fonds monétaire international, le Maroc présente aujourd’hui des conditions favorables pour la transition vers un régime de change plus flexible et tant que c’est le cas, l’économie marocaine réduit le risque d’une dévaluation de la monnaie locale, à la différence de ce qu’ont vécu certains pays comme l’Égypte ou la Turquie. De plus, comme l’avait préalablement annoncé le gouverneur de la Banque centrale, il faudra compter jusqu’à une quinzaine d’années après la mise en application de cette réforme pour arriver à une libéralisation totale du dirham, situation dans laquelle seules l’offre et la demande fixeront sa valeur. Et puis, d’ici là, tout un dispositif est prévu pour éviter de tomber dans les scénarios égyptien ou turc, dont le maintien, dans un premier temps, d’une intervention de Bank Al-Maghrib pour éviter une forte volatilité du dirham.
Il est à noter que selon le FMI, qui semble défendre cette réforme, un dirham flottant devrait dynamiser l’économie marocaine. La concurrence sur le marché de change et la compétitivité des entreprises qui en résulteraient pourraient, selon l’institution, assurer une meilleure intégration de l’économie dans la sphère financière et économique mondiale. La flexibilité permettrait également d'éviter les mesures interventionnistes telles que la dévaluation de la monnaie et d'améliorer la capacité de résilience de l’économie à absorber des chocs extérieurs.