Aucun scoop... Et encore moins des statistiques fracassantes n'ont été révélés aux médias au cours des deux jours de cette grand-messe d'un organisme de l'ONU. Les travaux de ce 117e Conseil exécutif de l’OMT à Marrakech se sont en effet essentiellement tenus à huis clos. Finalité pour l'ensemble des intervenants, venus dans la première destination touristique du Royaume, dans une conjoncture difficile: fixer «les orientations prioritaires adoptées post-Covid, pour le développement de la résilience du secteur», afin de ne pas avoir à subir dans les années qui viennent les conséquences de rapports de force économiques et géopolitiques.
Dans un monde aujourd'hui en proie à une crise multiforme, et bien qu'un peu partout dans le monde, la reprise des activités liées au tourisme se confirme et que les effets de la pandémie du Covid-19 paraissent s'éloigner, à Marrakech, depuis mercredi dernier, 23 novembre 2022, les professionnels du tourisme du monde entier réunis pour cette 117e édition ont paru obsédés par un terme, un seul: la résilience.
Un mot très tendance, largement évoqué à Marrakech, au cours des travaux de ce 117e Conseil exécutif de l’OMT, par l’ensemble des intervenants qui ont été conviés à ce sommet international: des investisseurs, des opérateurs privés, sans compter les membres de délégations de nombreux pays -et donc d'autant de destinations- venus des quatre coins du globe.
Depuis le mercredi 23 novembre, l'ensemble des intervenants ont eu à répondre aux très brûlantes questions de l'heure, qui pèsent aujourd'hui encore sur une très attendue confirmation de reprise: il s'est avant tout agi d’identifier les facteurs de risques, mais aussi les preuves de résilience de l’industrie du tourisme dans le monde.
«C’est au Conseil exécutif, qui se tient deux fois par an, que nous discutons des questions conjoncturelles. En l'occurrence, l’invasion de l’Ukraine et l’inflation, afin d’anticiper sur l’avenir du tourisme», a résumé Zurab Pololikashvili, le secrétaire général de l'OMT.
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Au cours d'une conférence de presse hier, jeudi 24 novembre 2022, Fatim-Zahra Ammor, la ministre marocaine du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, a expliqué aux journalistes présents que «la désignation du Maroc pour la tenue de ce Conseil exécutif de l’OMT rehauss[ait] la coopération institutionnelle entre les deux parties, et consolid[ait] la position du Royaume en tant que modèle dans la promotion du tourisme durable, éthique, et surtout résilient, face aux diverses mutations que connaît le secteur».
Certes, une reprise post-Covid-19 semble se confirmer pour le tourisme mondial, mais cette industrie n’est pas encore totalement libérée de l’emprise d'une crise économique multiforme, dont l’impact freine forcément l’élan de croissance des voyages d'agrément ou professionnels dans le monde.
En se référant à des projections optimistes, l’OMT estime toutefois que le secteur paraît sur la bonne voie, pour «atteindre 65% des niveaux pré-pandémiques, à fin 2022». Une ventilation effectuée par grandes régions touristiques dans la planète laisse en effet présager d'une nette reprise, qui serait menée par les clientèles traditionnelles de cette industrie, celles du Vieux continent, qui continueraient donc à mener vers un rebond du tourisme international.
En effet, plusieurs pays de l'UE ont accueilli, entre janvier et septembre 2022, «477 millions d'arrivées internationales (68% du total mondial), atteignant 81% des niveaux pré-pandémie», affirme l'OMT.
Dans le même temps, selon des statistiques de l'organisation onusienne, au Moyen-Orient, les arrivées internationales ont plus que triplé (+225%) en glissement annuel de janvier à septembre 2022, en hausse de +77% par rapport aux niveaux d'avant la pandémie.
L'Afrique (+166%) et les Amériques (+106%) ont également enregistré une forte croissance par rapport à 2021, selon l'OMT, atteignant respectivement +63% et +66% des niveaux entregistrés en 2019.
Dans sa dernière analyse de l’évolution de l'industrie touristique mondiale, l’OMT appelle toutefois les opérateurs et les gouvernants à garder une attitude pleine d'«optimisme prudent» dans les mois à venir, en raison d’un environnement économique difficile, caractérisé par une inflation galopante et la flambée des prix de l'énergie, aggravées par l'offensive russe en Ukraine. Une conjoncture qui, selon l’agence onusienne, n’écarte pas la possibilité d’une atonie du marché, en 2023.
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Au Maroc, les notions de «résilience» et de «durabilité» figurent au cœur de la feuille de route décidée par les autorités. Selon l’OMT, le Royaume fait partie des destinations qui ont enregistré des augmentations notables de leurs recettes provenant du tourisme international, au cours des sept à neuf premiers mois de 2022.
Pour le ministère du Tourisme, cet effet résulte d'une conjonction d’éléments, dont le repositionnement de la destination Maroc, tout particulièrement à la faveur du lancement de la campagne publicitaire à destination des marchés internationaux «Maroc, Terre de Lumière», initiée par l'Office national marocain du tourisme (ONMT), mais aussi par des mesures telles que la levée de l’ensemble des restrictions sanitaires, le lancement d'un visa électronique pour une quarantaine de destinations, sans oublier le plan de sauvetage du secteur du tourisme, d'un budget de 2 milliards de dirhams, qui ont été débloqués afin valoriser le patrimoine infrastructurel, culturel et naturel du pays.
«C’est grâce à l’ensemble de ces facteurs que notre secteur a pu récupérer 80% de ses arrivées de 2019, et 103% des recettes de voyage en devises», a expliqué Fatim-Zahra Ammor devant les journalistes, à Marrakech, hier, jeudi 24 novembre 2022.
Un peu plus tôt dans la journée, dans une allocution prononcée devant les membres du conseil exécutif de l'OMT, la ministre marocaine du Tourisme avait expliqué que le Maroc disposait d’un potentiel touristique à même d’attirer l'ensemble des segments de voyageurs, dans une stratégie globale qui, à terme, vise à doubler le nombre des arrivées de touristes, à l’horizon 2030.