Régionalisation avancée: entre vœux pieux et nécessaire mise en place

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Revue de presseKiosque360. Une étude du forum Al Mountada (proche du RNI) établit que seules 3 régions sur 12 accaparent 70% des investissements publics. Le manque de volonté des administrations quant à l’activation de la régionalisation avancée est donc avéré. Que faire?

Le 22/12/2019 à 22h06

Le colloque national sur la régionalisation avancée, qui s’est tenu vendredi et samedi 20 et 21 décembre à Agadir, aura au moins levé le voile sur certaines vérités quant aux handicaps qui empêchent la mise en place d’une régionalisation avancée. Un programme à même de garantir une pleine démocratie locale, un développement global et intégré de tout le Maroc, une solidarité entre les régions avec la pleine exploitation des richesses propres à chaque région (et ce n’est pas ce qui manque). 

Le mot d’ordre a été donné par le roi Mohammed VI dans un message lu en son nom aux participants, indique L’Economiste dans son édition du lundi 23 décembre: «l’application effective de la régionalisation avancée reste tributaire de la mise en place d’une politique régionale clairement définie et réalisable», a écrit le souverain. 

Alors, que fait-on? Un début de réflexion est probablement à chercher dans une étude aussi ramassée que pertinente du forum Al Mountada, think-tank proche du RNI (rassemblement national des indépendants). Pour Al Mountada, et les chiffres du Haut commissariat au plan le confirment, seules 3 régions sur 12 accaparent 70% des investissements publics. Le manque de volonté des administrations quant à l’activation de la régionalisation avancée est avéré.

Pour en sortir, Al Mountada a formulé une série de recommandations, dont voici les principales:

- Réviser l’armature de l’administration centrale autour d'un schéma plus resserré, se traduisant par une réduction significative du nombre de directions, de divisions, de services et des strates hiérarchiques.

- Doter la région d’une administration efficace afin d’opter pour des structures administratives légères et bien organisées, appuyées par les outils de gestion modernes.

- Clarifier les rôles de chacun des acteurs au niveau régional et s’assurer de l’absence d’un chevauchement des responsabilités et des missions entre ces derniers

- Donner force et cohésion à l’action de l’Etat au niveau territorial: créer des représentations communes à deux ou plusieurs ministères, ayant des missions similaires ou complémentaires afin de faciliter le regroupement des services déconcentrés.

- Améliorer l’intégration et la cohérence des politiques sectorielles au niveau territorial en œuvrant pour que l’élaboration du PDR et du SRAT constitue le nœud d’intégration et de cohérence des politiques sectorielles.

- Définir des modalités de répartition des ressources fiscales et financières équitables et adaptées aux besoins de financement des régions sur la base de critères et d’indicateurs qui prennent en compte principalement le niveau de développement humain, le niveau des équipements publics et d’infrastructures et le taux moyen d’activité de la région.

- Assurer l’autonomie financière des régions.

- Promouvoir la création d’activités et de projets novateurs et créateurs de richesses exploitant de façon rationnelle et optimale le potentiel régional économique, culturel, touristique, artisanal et environnemental, susceptibles de créer et développer des ressources financières additionnelles au profit de la région et des populations.

- Contrôler de façon rigoureuse l’évolution des dépenses de fonctionnement.

- Mettre en place un comité de coordination à haut niveau et multisectoriel pour conduire des politiques de développement territorial intégrées, fondées sur des indicateurs partagés, en favorisant la cohérence et en évitant la fragmentation ou la redondance de l’action publique, tout en permettant l’adaptation des politiques de développement aux spécificités territoriales.

- Organiser tous les trois ans, à l’issue de la revue à mi-parcours des PDR, un forum national qui fera la synthèse de forums régionaux devant se tenir durant la période précédant le rendez-vous national.

- L’objectif de ces forums étant de faire le bilan des réalisations, tirer les enseignements utiles pour les étapes ultérieures, échanger les expériences et partager les bonnes pratiques:Elaborer une stratégie de communication et d’information continue devant promouvoir le développement d’un «écosystème médiatique» favorisant la propagation et l’éducation aux valeurs de bonne citoyenneté et consacrant le droit à l’information et à la transparence.Favoriser l’extension de l’accès à internet, développer le e-gouvernement et mettre en place des supports médiatiques diversifiés à travers l’édition de bulletins régionaux d’information, périodiques et sites web interactifs des régions.

- Développer des stations radio et chaînes de télévisions régionales.

Par Khalil Ibrahimi
Le 22/12/2019 à 22h06