Le 30 juillet dernier, jour de la fête du Trône au Maroc, le président français, Emmanuel Macron, dans une lettre au roi Mohammed VI, adressait son soutien au plan marocain sur le Sahara. Le 1ᵉʳ août, l’entreprise française Egis Rail remportait le marché de l’assistance à maîtrise d’ouvrage de la LGV Kénitra-Marrakech, devant sa concurrente espagnole Ineco.
«Sans voir de lien de cause à effet immédiat, le rapprochement diplomatique de Paris et Rabat implique un renforcement des liens économiques, à l’œuvre depuis plusieurs mois», constate Radio France International (RFI) dans un article dédié. La France, déjà très présente dans l’automobile ainsi que dans l’immobilier et les services, souhaite accroître ses investissements au Maroc dans l’eau, les énergies durables et les transports, jusque dans les provinces sahariennes.
Citant Abdelmalek Alaoui, président de l’Institut marocain d’intelligence stratégique, RFI indique que le geste politique de Paris va catalyser davantage les relations franco-marocaines sur le plan économique. «C’est la réinvention d’un partenariat économique dans lequel le Maroc a beaucoup de projets, que ce soit dans les infrastructures, dans le renouvelable ou dans la technologie, et qui ne se limite pas au Maroc, mais s’étend à tout cet espace ouest-africain sur lequel le Royaume rayonne», affirme l’expert.
De son côté, Alger a immédiatement rappelé son ambassadeur à Paris, mais cela ne veut pas dire que les relations économico-commerciales franco-algériennes vont péricliter. Certes, les investissements français sont trois à quatre fois moindres qu’au Maroc, l’Algérie ayant une législation plus contraignante, mais les échanges commerciaux -11 milliards d’euros- sont comparables aux échanges franco-marocains.
«La France exporte en Algérie des produits agro-alimentaires et, de manière croissante, des produits industriels. Dans l’autre sens, l’Algérie exporte, de plus en plus, du gaz vers la France depuis qu’elle se passe du gaz russe», lit-on.
Pour RFI, il y aura peut-être plus de tracasseries administratives pour les entreprises ou produits français, mais pas au point de bouleverser les fondamentaux, le gaz algérien pesant encore très lourd dans le commerce bilatéral. «On ne peut pas balayer d’un revers de la main tout ce qui a été construit et toute cette économie réelle qui est nouée en termes de services, de commerce, d’industrie. On ne peut pas revenir sur une dépendance énergétique. Quelle serait l’alternative? La structure de la balance commerciale ne peut pas être remise en cause du jour au lendemain», explique Dhafer Saidane, professeur à la Skema business School,
Quant à l’éviction des entreprises françaises d’Algérie, en particulier dans les hydrocarbures, le géopoliticien du pétrole Philippe Sébille-Lopez n’y croit pas. «Le gouvernement algérien doit quand même assurer la stabilité des investissements, c’est pour la stabilité économique des contrats. Dans ce domaine, les raisons politiques ne comptent pas», résume-t-il.