Lors de son point de presse trimestriel, mardi 19 mars dernier, interrogé par Le360 sur la nature des prérequis préalables à l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham, le wali de Bank Al-Maghrib avait publiquement révélé son total désaccord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un point bien précis: le timing de la phase II de la réforme du régime de change.
Une mission du FMI au Maroc, effectuée en novembre 2018, avait recommandé aux autorités d’activer immédiatement le passage à la deuxième phase. «Nous leur avons dit que nous ne partageons pas leur point de vue», a révélé le wali Jouahri, n’hésitant pas à partager avec les représentants des médias le fond de sa pensée et sa manière de voir le séquencement des prochaines étapes de la réforme.
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Deux semaines plus tard, à l’issue d’une nouvelle mission de consultation au Maroc (au titre l’article IV des statuts du FMI), le chef de consultation du FMI dépêché au Maroc, Nicolas Blancher, a tenu un point de presse, ce mardi 2 avril à Rabat. Interpellé sur ce point de désaccord avec les autorités marocaines, Blancher a changé de discours et choisit désormais mieux ses mots.
«Il n'y a pas de divergences sur l’opportunité de la réforme qui relève d’une décision souveraine des autorités marocaines. Nous sommes d’accord avec les autorités sur les fondamentaux de la réforme. Le Maroc mène cette réforme en position de force et n’est pas soumis à une pression sur les marchés de change. Toutes les conditions sont présentes pour poursuivre la réforme de façon graduelle et ordonnée», a ainsi souligné Blancher avant de tenir à apporter quelques nuances sur le point de vue préalablement émis par le FMI.
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«Nous ne sommes pas obsédés par un timing précis, mais nous pensons qu’il serait judicieux de faire cette réforme de façon préventive, pour mieux résister aux chocs futurs qui pourraient affecter l’économie marocaine. Le FMI estime que les conditions sont présentes et qu’il n’y a pas d’obstacles pour avancer dans la réforme», explique le chef de mission du FMI pour le Maroc. Les autorités marocaines, a-t-il poursuivi, sont mieux placées pour juger de l’opportunité et du timing pour passer à l’étape suivante.
En tout état de cause, les autorités marocaines semblent avoir déjà tranché. Il importe de vérifier si la réforme a été bien assimilée par les opérateurs actifs à l’export comme à l’import, en particulier les TPME.
Et selon le wali, lors de son dernier point de presse, cette deuxième étape sera franchie en toute transparence, en empruntant le même parcours que celui précédant le lancement du nouveau régime flexible, à savoir celui privilégiant l’information, la formation et une nécessaire démarche participative. Autrement dit, le FMI n’a qu’à patienter.