La valse-hésitation dont ont fait preuve, plusieurs semaines durant, le gouvernement et Bank Al-Maghrib avant de se décider à souscrire à une nouvelle Ligne de précaution et de liquidité (LPL) a suscité beaucoup d’interrogations. Entre, d’une part, le scénario initial d’abandon de la LPL révélé par l’ancien ministre des Finances, Mohamed Boussaïd, limogé durant l'été 2018, et, d’autre part, la piste du renouvellement empruntée par son successeur, Mohamed Benchaâboun, les raisons de ce revirement restent inexpliquées.
L’on sait, en revanche, que les négociations avec le FMI, cette année, ont plutôt porté sur une Ligne de crédit modulable (LCM), un mécanisme de financement réputé pour sa souplesse et qui, contrairement à la LPL, assure aux pays admissibles l’accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue.
«Le montant d’accès aux ressources du FMI n’est pas plafonné et le besoin de financement est évalué au cas par cas», peut-on ainsi lire dans une fiche technique sur le site web du FMI.
Lors de son dernier point de presse trimestriel, mardi 18 décembre, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a cité deux raisons ayant empêché le Maroc de bénéficier d’une LCM. D’une part, le niveau du PIB par habitant, inférieur à celui observé auprès des pays ayant la même notation et, d’autre part, le niveau d’endettement public, supérieur à la médiane constatée dans les économies similaires.
Cela dit, a assuré le wali, le Maroc est proche de devenir éligible à la LCM.
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Pour rappel, le Conseil d’administration du FMI a approuvé, lundi 17 décembre dernier, un accord sur deux ans en faveur du Maroc au titre de la LPL, pour un montant de 2,97 milliards de dollars.
L'objectif est de disposer d’un matelas de sécurité pour parer à d'éventuels chocs exogènes imprévisibles (montée du baril de pétrole à 100 dollars, par exemple).
Il s'agit là de la quatrième LPL souscrite par le Maroc depuis 2012. La première, d’un montant de 6,2 milliards de dollars, remonte à août 2012. Le deuxième accord, d’un montant de 5 milliards de dollars, a été approuvé le 28 juillet 2014 et le troisième, d’un montant de 3,5 milliards de dollars, le 22 juillet 2016.
Le Maroc n’a jamais effectué des tirages au titre de la LPL même si celle-ci a fait supporter au Trésor un coût estimé à plusieurs centaines de millions de dirhams. Les co-signataires de la lettre de demande soumise au FMI, à savoir le ministère des Finances et la Banque centrale, refusent de communiquer les sommes versées par le Maroc dans le cadre de la LPL, en particulier le montant de la commission d’engagement. Interpellé à ce sujet, mardi dernier, Abdellatif Jouahri a préféré que cette information soit recherchée auprès du ministère des Finances.
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Le Maroc étant aujourd’hui le seul pays au monde à bénéficier d’une LPL, celle-ci devrait permettre au Trésor et aux entreprises publiques de négocier leurs emprunts à l’international dans de bonnes conditions. Jouahri invite à cet égard à comparer le coût de la LPL directement supporté par le budget au gain indirect lié à l’amélioration des conditions de financement (différentiel de taux) du Trésor et des entités publiques sur le marché obligatiare international.
Il faut toutefois reconnaître que le peu de communication accompagnant les rencontres et les liens qu’entretiennent les responsables marocains avec les experts et les dirigeants du FMI contribue, de fait, à alimenter les rumeurs les plus folles.
Pour le commun des mortels, le Maroc serait à chaque fois contraint de se plier aux diktats du FMI, qui lui dicterait la voie des réformes à prendre (flexibilité du régime de change, etc).
Malheureusement, ce discours trouve parfois une forte résonance dans les médias et même auprès des politiques, y compris ceux comptant parmi les partis de la majorité gouvernementale. Cette question a été abordée en marge du débat sur la LPL, lors du point de presse de ce mardi 18 décembre. Voici ce qu’en pense le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri.