Décidément, il ne se passe pas un jour sans que la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) ne fasse parler d’elle. Après la polémique de l’éjection de Neila Tazi en tant que vice-présidente de la chambre des Conseillers, une nouvelle affaire vient d’éclater. Cette fois, elle met aux prises cette même CGEM avec celui qui se présente comme son "économiste en chef", Mohammed Benmoussa, par ailleurs dirigeant du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole. Benmoussa s'est rendu coupable, selon la confédération, de propos qui n’engagent que lui.
Dans un communiqué rendu publie hier, lundi 29 octobre au soir, la CGEM s'est totalement désengagée de son membre dirigeant. "La Confédération Générale des Entreprises du Maroc a appris avec étonnement, dimanche 28 octobre 2018, que M. Mohammed Benmoussa s’est exprimé par voie de presse sur des questions ayant trait à l’économie nationale en se prévalant de sa qualité d’Économiste en Chef de la CGEM", lit-on. "La CGEM tient à préciser que M. Benmoussa n’a pas été mandaté pour s’exprimer au nom de la Confédération ni au nom du Groupe parlementaire de la CGEM à la Chambre des Conseillers. Les propos tenus par M. Benmoussa n’engagent que lui et ne sauraient exprimer une quelconque opinion de la Confédération", tranche le patronat. Mais que s’est-il donc passé?
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Tout a commencé par une interview accordée par Benmoussa au média électronique ledesk, dans lequel il commente l’évolution du dossier de la Samir. Benmoussa s’y attaque notamment, et frontalement, au groupe Akwa et à son patron Aziz Akhannouch, suggérant que ce dernier tire négativement les ficelles de ce dossier et qu’il a été le premier bénéficiaire de la libéralisation, et de la hausse qui s’en est suivie, des prix des carburants.
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La réaction du groupe ne s’est pas fait attendre. Ce lundi là même, Saïd El Baghdadi, DG d’Afriquia, filiale carburants et lubrifiants d’Akwa a affirmé sur les colonnes d’Aujourd’hui le Maroc ne pas comprendre "le sens de ces attaques ni les vraies motivations de telles déclarations faites par un personnage qui se prétend expert en la question, d’autant plus que le nom est complètement inconnu du secteur pétrolier". Baghdadi n’hésite pas à parler d’une opération dirigée en lien avec un parti politique de la place, à savoir la Fédération de gauche démocratique, qui s’est ralliée au Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole de Benmoussa, faisant siens sa position et ses arguments.
La réaction de la CGEM vaut ainsi recadrage de Benmoussa. Mais une chose semble désormais sûre: pour unir les rangs de la confédération qu’il préside et faire qu’elle puisse s’exprimer d’une seule voix, Salaheddine Mezouar a encore du pain sur la planche.