Si les statistiques sur les faillites donnent une image sombre de l’écosystème entrepreneurial marocain, il est essentiel de nuancer ce constat. Les entreprises actives continuent de croître et de créer de la valeur ajoutée, malgré un contexte économique mondial tendu. C’est ce qu’indique le quotidien L’Economiste dans son édition du vendredi 1er novembre.
Les données d’Inforisk ont révélé 7.659 cas de défaillances d’entreprises pour le seul premier semestre 2024, en hausse de 14% par rapport à la même période l’année précédente. En 2022, ce nombre s’élevait à 12.397 faillites, tandis qu’en 2023, il a atteint 14.245, soit une progression notable de 15%.
«Ces statistiques, bien que préoccupantes, ne traduisent toutefois pas toute la réalité entrepreneuriale. Une analyse détaillée, communiquée récemment aux parlementaires dans le cadre des débats sur le projet de loi de finances 2025, révèle une autre dimension: une part importante des défaillances provient d’entreprises inactives. Autrement dit, ces entités, bien qu’enregistrées dans le registre fiscal, n’ont aucune activité économique significative et ne participent pas au dynamisme de l’économie», lit-on.
Les données fiscales sont, en effet, sans équivoque: entre 2021 et 2024, le nombre d’entreprises actives – celles qui génèrent un chiffre d’affaires et emploient des salariés – s’est accru. Les entreprises ayant le statut de personne morale inscrites au registre fiscal sont passées de 448.696 en 2021 à 603.556 en 2024. De même, les auto-entrepreneurs ont vu leur nombre bondir de 1,249 million à 1,447 million sur la même période. La dynamique entrepreneuriale reste donc intéressante, avec 71.231 nouvelles entreprises créées en 2021 et 66.372 en 2023, confirmant une certaine vitalité du tissu économique.
«Cela s’est traduit par une augmentation de 4,3% des emplois dans le secteur formel en 2023, après une hausse de 8% en 2022. Parallèlement, le chiffre d’affaires des entreprises actives a enregistré une croissance de 5,7% en 2023 et de 17,7% l’année précédente. Ces indicateurs soulignent que les entreprises actives ne survivent pas uniquement, mais se développent aussi, contribuant ainsi au financement du budget général de l’État à travers leurs impôts et taxes», lit-on encore.
Ceci étant, une part non négligeable des faillites est attribuée aux entreprises dites inactives. Selon les estimations, environ 296.095 entreprises, inscrites au registre fiscal, ne génèrent aucun chiffre d’affaires et n’emploient aucun salarié. Elles ne contribuent ni à la production de richesse ni à la création d’emplois. Cette catégorie comprend souvent des sociétés fictives, créées dans le but de bénéficier d’avantages fiscaux ou d’exemptions de TVA, ou encore d’émettre et vendre de fausses factures. Ces entités parasitent le tissu entrepreneurial, augmentant ainsi artificiellement le taux de défaillances.