L’Alliance des économistes istiqlaliens vient de dévoiler ses propositions dans le cadre de la préparation du PLF 2023, un projet de loi attendu pour relancer la machine économique dans un contexte international incertain, marqué par des dérèglements climatiques, la hausse du prix des matières premières, la perturbations des chaînes d’approvisionnement et un durcissement des politiques monétaires.
Afin de freiner l'érosion du pouvoir d’achat subie par les ménages, l’Alliance préconise un ensemble de dispositions fiscales visant à créer de l’emploi, et à améliorer le pouvoir d’achat, dont la révision du barème de l’IR, conformément aux principales recommandations des dernières Assises nationales de la fiscalité, en relevant la tranche annuelle exonérée de l’IR, de 30.000 à 36.000 dirhams et en appliquant le taux maximum de l’IR au revenu annuel dépassant les 240.000 dirhams.
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Les économistes istiqlaliens proposent également d’augmenter le taux de déduction pour frais professionnels, et de relever les allocations des familles déductibles de 360 dirhams à 1.080 dirhams par personne à charge.
Equité fiscale Ils plaident aussi pour davantage d’équité et de solidarité fiscale, avec l’instauration de la Contribution solidaire par un prélèvement supplémentaire sur les bénéfices imposables des sociétés opérant dans les secteurs régulés, notamment les secteurs des télécommunications, des hydrocarbures, des ciments, des mines, en plus des financiers.
L’Alliance propose, par ailleurs, d’enclencher la réduction progressive du taux commun de l’IS pour le ramener à 25% pour les sociétés actuellement taxées au taux marginal de 31%.
Il faut, selon leurs recommandations, uniformiser les taux d’imposition des bénéfices en l’appliquant aux grands opérateurs quel que soit leur secteur d’activité, ou encore de fiscaliser les activités des grands groupes du commerce électronique GAFA et autres (TVA et retenue à la source sur le chiffre d’affaires).
Financement innovant Les économistes istiqlaliens appellent, sur un autre volet, à encourager l’investissement et diversifier les sources de financement soutenables. Une démarche possible en utilisant les capacités d’endettement des grandes collectivités territoriales (régions administratives et grandes mairies), en leur confiant la réalisation et le financement de grands chantiers relevant de leurs prérogatives et pouvant créer de la croissance endogène (transports urbains, infrastructures routières, hydrauliques et électriques, connexion généralisée à internet, aménagement de zones d’activités de proximité, promotion économique en général et de l’économie circulaire en particulier).
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Parmi les autres propositions de l'alliance des économistes istiqlaliens, la création de zones d’activités économiques de proximité (zones industrielles, artisanales, commerciales, de services, logistiques, etc.), afin d'aménager des espaces de production à louer à des opérateurs privés à des prix abordables.
«Ces zones permettraient l’inclusion d’un grand nombre de citoyens dans le circuit économique, réduisant ainsi le chômage et permettant le transfert d’une part significative d’opérateurs de l’économie informelle vers l’économie régulière. Ces zones sont à localiser près des bassins d’emploi, pour réduire les coûts de déplacement du personnel et limiter le coût des infrastructures», expliquent-ils.
Les économistes istiqlaliens proposent par ailleurs de créer des Fonds régionaux d’investissement dédiés au financement de projets directement productifs dans les régions, tels que l’aménagement de zones d’activités économiques, et la prise de participation dans des entreprises d’intérêt stratégique.