Paiements par cartes bancaires au Maroc: le palmarès par ville

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Le paiement par carte n’est pas encore rentré dans les mœurs, y compris dans les grandes villes. Ce mode de paiement a généré un volume d’affaire de 23 milliards de dirhams en 2015. Casablanca, Marrakech et Rabat s’accaparent plus de 77% du volume de ces transactions. Les détails.

Le 30/01/2016 à 12h13

En 2015, les opérations de paiement par cartes, effectuées auprès des commerçants et e-marchands affiliés au Centre monétique interbancaire (CMI), se sont établies à 32,8 millions d’opérations pour 22,9 milliards de dirhams. Sur ce montant, 8,22 milliards de dirhams, environ 36%, l’ont été par le biais des cartes étrangères, ce qui laisse supposer qu’il s’agit de paiements effectués par des touristes.

En gros, le paiement par carte au Maroc représente en valeur environ 7% des moyens de paiements scripturaux (chèque, virements, effets de commerce, etc.). Et tenant compte des paiements en liquide, les transactions par carte deviennent négligeables. A titre de comparaison, les paiements par carte représentent 50% des transactions en France.

Si l’on se réfère aux données du Centre monétique interbancaire (CMI), la répartition des paiements par carte, en valeur et par région, montre que 77,45% du volume global des opérations sont réalisées dans trois villes : Casablanca, Marrakech et Rabat.

8,84 milliards de dirhams pour la région de Casablanca

Dans une métropole comme Casablanca, capitale économique et centre d’affaires, les paiements par cartes auprès des commerçants équipés de TPE et des e-marchants affiliés au CMI n’a généré qu’un chiffre d’affaires de 8,83 milliards de dirhams dont 20% réalisés par des détenteurs de cartes étrangères, autrement dit des touristes. Ce montant est plus que négligeable eu égard à la population mais surtout au poids économique de Casablanca (et région) qui pèse 25% du PIB du pays et reçoit plus de 1 million de touristes par an. C’est dire que les transactions au niveau des centres commerciaux de la ville, des grands marchés (Derb Omar, Derb Khalef, marché de gros, etc.) et les transactions courantes se font essentiellement par le biais du cash.

Marrakech, paiement dopé par les touristes

Pour Marrakech, le volume des paiements par carte chez les commerçants s’est établi à 5,34 milliards de dirhams. Si ce volume paraît relativement acceptable comparativement au poids démographique et économique de Casablanca, il faut tout de même relever que les transactions effectuées via les cartes étrangères, donc par les touristes, représentent 68% du chiffre d’affaires. C’est dire que les paiements effectués par les nationaux restent modestes (1,7 milliard de dirhams) malgré l’équipement en TPE de nombreux établissements (hôtels, restaurants, commerces, services de voyages et transport, pharmacies, etc.).

Rabat aime payer par carte, les autres villes à la traîne

En troisième positon se classe Rabat avec 3,55 milliards de dirhams. Si on compare le poids démographique et économique de Rabat par rapport à Casablanca, ce volume peut être jugé acceptable.

En ce qui concerne les villes d’Agadir et de Tanger, les paiements chez les commerçants demeurent faibles et s’établissent à respectivement, 1,76 milliard de dirhams et 1,12 milliard de dirhams.

A noter que pour la région d’Agadir, 50% des achats sont effectués par le canal des cartes étrangères.

II faut souligner que les touristes et hommes d’affaires étrangers sont davantage encouragés à régler leurs transactions par carte du fait que grâce à l’offre DCC –Dynamic currency conversion (conversion automatique des devises)- qui leur permet de payer dans leur devise nationale et donc de connaître avec exactitude le montant des règlements qu’ils effectuent dans leur monnaie.

Pour les villes de Fès, Meknès, Essaouira et Oujda, les montants de paiements par cartes ressortent à respectivement 903 MDH, 417 MDH, 358 MDH et 372 MDH.

Agir pour accroitre le paiement par carte

Face à la faiblesse du recours au paiement par carte auprès des commerçants et e-marchands affiliés au CMI, ce dernier s’est fixé comme objectif de faire croître son chiffre d’affaires de 15,7% à 26,50 milliards de dirhams en 2016. Cette évolution devrait toucher toutes les villes du royaume : 15,0% à 10,15 milliards de dirhams à Casablanca, 12,3% à 6,0 milliards de dirhams à Marrakech, 18,1% à 4,2 milliards de dirhams à Rabat, 17,5% à 2,07 milliards de dirhams à Agadir et 20,9% à 1,35 milliard de dirhams à Tanger.

Pour atteindre cet objectif, le CMI mise, entre autres, sur l’expansion de son parc de TPE via la signature de nouveaux contrats. Ainsi, pour 2016, il compte recruter 8000 nouveaux clients, contre 4392 recrutés en 2015, soit une progression de 82,1%. Sur ce nombre, 2500 nouveaux contrats devraient être signés au niveau de Casablanca, 1700 à Marrakech, 950 à Rabat, 550 à Agadir et 400 à Tanger.

Pour développer la culture du paiement par carte, le CMI aura fort à faire. La sensibilisation des consommateurs à ce mode de paiement ainsi qu’à la sécurisation des opérations demeurent essentielles, mais ne suffiront pas tant qu’une législation (très improbable pour le moment) ne limite pas les montants à régler en liquide.

Par Moussa Diop
Le 30/01/2016 à 12h13